Sur un site comme Micetto qui se veut peu banal et différent des autres, montrer une vidéo d’un chaton qui ouvre les pattes quand on lui fait guili-guili sur le ventre, vue 80 millions de fois sur le net est à priori d’une consternante banalité...
D’un autre côté, elle est marrante et nous nous en voudrions de priver nos lecteurs du traditionnel « viens voir !» crié à qui veut l’entendre dans la maison parce qu’on a vu ou que l’on veut revoir une scène étonnante.
D’autant plus étonnante que des milliers de chatons font la même chose, ce qui prouve soit que les 80 millions de cliqueurs n’ont pas de chatons soit qu’ils ne sont guère observateurs.
En fait, si Micetto a eu envie de faire figurer cette vidéo sur son catalogue, c’est qu’elle est devenue cultissime. Elle est comme ces citations ou ces scènes, au théâtre ou au cinéma, que l’on se passe et repasse un million de fois dans sa vie, seul ou entre amis. Des exemples ? Je n’ai pas pris les plus connus, mais à Micetto on se la pète un peu, il n’est pas interdit d’aimer à la fois les chats et les bons mots... Cela dit, les infos, si vous ne connaissez pas telle ou telle réplique, sont en bas de page…. « That’s MY steak Valance !* » « Faut r’connaître, c’est du brutal !**», “It was the lark and not the nightingale”***, “Le petit chat est mort” ****, “Frankly my dear I don’t give a damn!*****” …
Retour au chaton qui rigole Si chacun l’a déjà vue quatre fois, ce qui est un minimum, cela ne fait plus que vingt millions de personnes qui ont assisté à la scène du petit chat qui ouvre les bras. Il vous les ouvre aussi, comme ça quand vous voudrez montrer la scène à vos amis qui ne l’ont pas vue, ou qui ont envie de la revoir, vous la trouverez sur Micetto !
Un chaton qui arrive largement à battre le duo Shakespeare-Molière, fortiche non ?
*L’homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1962, John Wayne défie Lee Marvin dans un restaurant)
** Les tontons flingueurs (Georges Lautner, 1963, Bernard Blier dans l’inoubliable scène de la cuisine)
*** Romeo et Juliette (Shakespeare, Roméo explique à Juliette qu’il est encore tôt, pas besoin de se quitter, ce qu’on entend est l’alouette, qui chante le soir, pas le rossignol qui lui chante à l’aube)
**** L’école des femmes (Molière, 1662, Agnès répond à Arnolphe qui lui a demandé « Quelles nouvelles ? » C’est l’une des répliques les plus célèbres et les plus difficiles à placer pour les actrices)
***** Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939, Scarlett O’Hara/Vivien Leigh se fait envoyer paître par Rhet Butler/Clark Gable)