Stéphane Mallarmé n’est pas le plus connu de nos poètes, il doit en fait sa renommée à son œuvre « L’après midi d’un faune », totalement inconnue mais dont Debussy a mis en musique le célèbrissime « Prélude à l’après midi d’un faune »... Il a aussi traduit Edgar Poe, avec des illustrations de son ami Edouard Manet. Pour le reste, ce partisan de l’art pour l’art, de l’art absolu en somme, qui n’a besoin de rien pour être beau, est resté un peu dans l’ombre de Baudelaire, Verlaine, Gautier.
Mais il a écrit un truc somptueux sur le chat... Pas coquino-érotique comme Baudelaire, assez casanier comme description mais il n’y a pas que le sexe dans la vie...
Bref, Mallarmé a écrit ceci : « Je pense que le chat est nécessaire à un intérieur. Il le complète. C’est lui qui polit les meubles, en arrondit les angles, lui qui donne à l’appartement du mystérieux. Il est bien le dernier bibelot, le couronnement suprême».
Formidablement vu... Sa chatte s’appelait Lilith et je ne tenterai aucune psychanalyse du poète, Lilith a été la première femme d’Adam, avant Eve, dont la kabbale dit qu’elle a été chassée du paradis parce qu’insoumise à son époux et sexuellement libérée.
Effectivement d’ailleurs, dans la pratique des trois religions révélées, encore dites « du livre », il est clair que le désir est une affaire de démon...
Et finalement, Mallarmé, qui dépeint le chat comme un décor sublime de la maison, était peut-être plus coquin qu’il n’en avait l’air... Admirateur de Baudelaire, appeler sa chatte Lilith était peut-être une sublimation...
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