La chatte Menine, appartenant à Madame de Lesdiguières (il ya un pavillon qui porte ce nom au Louvre), a eu droit à un sonnet (1), ceci permettant sans doute à sa propriétaire d’épancher son chagrin après la mort de son animal.
Un sonnet, de l’italien sonnetto, est un poème à quatorze vers. Il est structuré de diverses façons, souvent réparti en deux quatrains (quatre vers) et deux tercets (trois vers).
Les plus grands de la poésie française ont écrit des sonnets.Ronsard, Baudelaire, Du Bellay, José Maria de Heredia, Mallarmé... Alors Menine méritait bien de se creuser un peu la plume.
On notera dans ce sonnet des références à la virginité (supposée..) de la chatte, qui « jamais ne connut de Menin... »
L’animal a été la tigresse des chats, donc on comprend qu’il ne fallait pas l’approcher avec des intentions libidineuses ! Elle a aussi été la Lucrèce des chattes. Lucrèce est une femme romaine qui s’est tuée après avoir été violée pour ne pas être accusée d’adultère. Je doute que ce soit là l’exemple choisi par l’auteure.
Il ya aussi la très célèbre Lucrèce Borgia, fille naturelle du pape Alexandre VI, mariée trois fois à de très puissants hommes de son époque, elle a vécu au XIIIème et XIVème siècle, elle est considérée comme protectrice des arts et avait quand même une grosse réputation d’empoisonneuse.
Je ne vois pas trop non plus en quoi cette (future) héroïne de Victor Hugo pourrait être prise en exemple pour la chatte du poème.
Alors, il ya encore une explication, l’obligation de la rime...
Car dans un sonnet, la rime est obligatoire. Et il fallait un mot qui rime avec la « tigresse » du vers suivant, Lucrèce ça collait...
Il y a à ce sujet une célèbre rime tirée par les cheveux de Victor Hugo, « Tout reposait dans Ur et dans Jerimadeth », cette dernière ville n’existant pas et signifiant qu’Hugo n’avait pas de rime, donc... rime à dette !
Alors si Hugo s’est permis cela, on peut l’autoriser chez l'auteur de ce sonnet, fut-il beaucoup moins connue que Victor...
Quant à la Parque évoquée en fin de poème, c’est une divinité romaine qui dévide le fil de la vie de chaque être, qui décide aussi du moment où il faut le couper.
Voilà le fruit de notre décryptage, maintenant vous pouvez lire ce sonnet et même l’accrocher à votre mur !
(1) Histoire de Chats de Moncrif 1791