Micetto est un chat célèbre au destin prestigieux entouré des plus grands de son époque. Il n’était pas moins que le chat du Pape Léon XII (1760-1829).
Micetto (“Petit Minet” en Italien) est né en 1825 au Vatican, dans la loge de Raphael, entouré de chefs d’oeuvre en peintures.
Pourtant, rien ne le destinait à une vie hors du commun. C’était un chat de gouttière, à la robe gris-marron avec des rayures plus foncées, de père et mère inconnus, somme toute un chat comme il y en avait des milliers à Rome. Mais, voilà ! Le Pape Léon XII s’est pris d’affection pour le chaton et en a fait son compagnon inséparable. Blotti dans la chasuble pontificale, Micetto assistait aux audiences accordées par le Pape à ses nombreux et illustres visiteurs lesquels ne manquaient pas de caresser le chaton pour plaire au maitre.
Que de discours Micetto a du entendre, que de confidences, de secrets politiques. Il a toujours été le témoin discret et silencieux des évènements mondiaux relatés par les visiteurs. Ah ! si les chats pouvaient parler, il serait le meilleur des historiens!
C’est ainsi qu’il a rencontré l’Ambassadeur de France qui n’était autre que Chateaubriand. Celui-ci avait lui aussi un penchant pour les chats et sa sollicitude envers Micetto toucha Léon XII. Ce dernier se sentant vieillir éprouva la nécessité d’organiser la vie de son petit protégé après sa mort et proposa à Chateaubriand de le lui confier après sa disparition. Un an après, le Pape décéda et c’est ainsi que Micetto, après avoir été le chat du Pape, devint le compagnon d’un des plus grands écrivains de la langue française.
Micetto quitta pour toujours les splendeurs du Vatican et emménagea à Paris, rue Denfert-Rochereau, chez son nouveau maitre. C’est ainsi qu’il passa de la maison de Dieu à l’Enfer. Mais, rassurez-vous, ce n’est que l’ancien nom de la rue où il habitait. Sa vie n’avait rien d’un enfer, bien au contraire, l’écrivain n’avait de cesse de le choyer.
“Je cherche à lui faire oublier l’exil, la chapelle Sixtine et le soleil de la coupole de Michel-Ange sur laquelle il se promenait, loin de la terre”dit-il. Très fier de son chat, il le présentait à ses visiteurs.
Son épouse qui avait fondé l’institution religieuse caritative, “l’Infirmerie Marie-Thérèse”, emmenait Micetto y séjourner, entouré des pensionnaires, dans un cadre champêtre.
C’est là qu’il mourut plus tard emportant avec lui ses secrets après avoir côtoyé les plus renommés de ses contemporains. Mais lui-même en était-il conscient ? Que se rappelait-il des audiences auxquelles il a assisté dans ses jeunes années ? les discours tenus ou bien la chaleur et la douceur du manteau de son maitre ?