Marie Leszczynska, épouse de Louis XV (1710-1774), est arrivée de Pologne avec une passion qui la liait profondément à son mari : leur amour pour les chats. Même si leur relation avait ses hauts et ses bas, cette passion pour les félins était indéniable. Ils étaient particulièrement friands des chats Angora. Cet engouement pour les chats en France est assez récent, apparu à la fin du XVIIIe siècle. Avant cela, les chats, en particulier les noirs, étaient souvent associés à des forces maléfiques.
Louis XV, sensible à cette injustice, a interdit la cruelle tradition de brûler les chats noirs lors de la fête de la Saint-Jean. Depuis son enfance, le roi avait un penchant pour les chats. Une anecdote notable est celle de sa chatte Charlotte qui, à l'âge de douze ans, a donné naissance à quatre chatons. Malheureusement, par excès d'affection, trois d'entre eux sont décédés ayant été trop manipulés. En tant que roi, Louis XV partageait cette passion avec Marie et avait un faible pour un chat Angora blanc du nom de Brillant. Ce chat, gâté et chéri, avait la lourde tâche de réveiller le roi chaque matin.
Brillant avait même le privilège d'assister aux réunions du Conseil, trônant fièrement sur un coussin de velours cramoisi. Tant était l'affection du roi pour ce chat que Saint-Simon le décrivait comme un « collègue » du roi. Louis Quentin, marquis de Champcenetz, avait pour mission de veiller sur Brillant.
Dans ses mémoires, Jean-Nicolas Dufort de Cheverny un habitué de la cour mémorialiste et introducteur des ambassadeurs sous Louis XV raconte " Champcenetz sort de sa poche une petite bouteille, caresse Brilland et renverse abondamment sur ses pattes de l’eau de mille-fleurs. Le chat se rendort. Puis se réveille subitement sous l’effet des effluves d’alcool et se met à courir comme un fou à travers les salons du roi. Cette ivresse du chat met en joie les courtisans" Sur quoi, le Roi arrive fort en colère et déclare « Messieurs, reprit-il, je vous laisse ici, mais si vous voulez vous amuser, j’entends que ce ne soit pas aux dépens de mon chat. »
Brillant eut l’honneur de figurer sur un tableau.le «Chat angora blanc, guettant un papillon» du peintre Jean-Jacques Bachelier (1724-1806), conservé au musée Lambinet à Versailles.
Signalons également que Louis XV a possédé un autre chat qui est resté lui aussi dans l'histoire il s'agit d'un magnifique Persan nommé "le General "
La reine, de son côté, n'était pas en reste dans sa tendresse pour les chats. Elle possédait également un Angora blanc qui se déplaçait librement dans ses appartements. Une anecdote mémorable est celle où le chat s'est confortablement installé (et s'est soulagé) sur le manteau d'une dame de la cour. La reine, loin d'être désolée, a rappelé à la dame ses obligations et le respect dû à son rang. La reine lui déclare avec colèrei « Sachez, Madame, que vous avez des gens, et que je n’en ai pas : j’ai des officiers de ma chambre qui ont acheté l’honneur de me servir : ce sont des hommes bien élevés et instruits ; ils savent quelle est la dignité qui doit accompagner une de mes dames du palais ils n’ignorent pas que, choisie parmi les plus grandes dames du royaume, vous devriez être accompagnée d’un écuyer, ou au moins d’un valet de chambre qui le remplacerait et recevrait de vous votre pelisse, et, qu’en observant ces formes convenables à votre rang, vous ne seriez pas exposée à voir vos effets jetés sur des banquettes d’antichambre. »
Ces anecdotes mettent en lumière l'immense affection que Louis XV et Marie Leszczynska avaient pour leurs chats. Louis XV est même reconnu comme l'un des premiers monarques à instaurer des mesures de protection pour ces animaux en France.