Nous publions aujourd’hui le très bel et émouvant hommage, transmis par Christiane, à une jeune chatte qui ne demandait qu’à vivre, tuée par un chauffard qui n’a même pas pris la peine de s’arrêter.
"Mauvais jour
Oui, mauvais, je n'en aurai plus jamais de bons, je suis morte.
Te souviens tu de moi ? Je suis la chatte tigrée aux longs poils que tu as écrasé un soir de février.
Moi, je ne me souviens pas de toi, je ne t'ai pas vu, je n'ai vu que les phares de ta voiture, fonçant vers moi, tandis que je courais, paniquée par le bruit de ton moteur qui rugissait. Tu allais trop vite, sur ce parking que je connaissais si bien, où je me croyais en sécurité.
Je ne t'ai pas vu, mais toi, m'as tu seulement vue ? As tu vu deux des humains qui m'aimaient et me soignaient et qui se trouvaient là, tandis que tu passais en trombe, au risque de les renverser ? As tu entendu leurs cris, le hurlement qu'a poussé l'humaine en réalisant ce que tu avais fait ?
Moi, je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien, tes roues m'avaient écrasé la tête, mon sang fuyait mon corps, qui se débattait encore, je voulais tellement vivre...
Je n'avais que six ans... j'étais encore jeune, j'aurais pu vivre encore de nombreuses années...
Je n'avais pas de maison, mais j'étais aimée, j'étais nourrie, je ne manquais pas d'amour, j'avais été stérilisée, tatouée, j'avais un nom, j'avais des noms...
Ma vie n'était pas toujours drôle, mais j'étais heureuse malgré tout. Je dormais dans les combles d'une maison, en compagnie d'un de mes frères de liberté, nous étions presque inséparables. Il était là tu sais ? Il a tout vu... depuis il redoute les voitures, lui qui était déjà si prudent...
Maintenant, il va seul à la gamelle, il dort seul sous le toit. Il y a d'autres chats bien sur, mais je ne suis plus là, pour partager ma chaleur, mes jeux et mes proies avec lui.
Je suis morte, sous les regards impuissants de trois des quatre humains qui prenaient soin de moi, je suis morte sur ce parking... j'ai été enterrée dans un jardin par la quatrième, je suis encore pleurée.
Je leur manque tu sais ? Je n'étais pas un chat errant, j'étais leur chat à tous les quatre. Ils m'aimaient.
Je sais que je ne suis pas la seule... combien d'autres ont fini comme moi ? Victimes de gens comme toi... combien périront encore à l'avenir ? Combien d'humains aimants vont pleurer par votre faute ?
Tu ne sais pas ? Moi non plus, peu importe le nombre, c'est déjà trop, beaucoup trop.
Je sais que tu t'en moques, mais heureusement, tous les humains ne sont pas comme toi, il y en a qui savent nous aimer, nous, les laissés pour compte.
À ceux là, je dis merci, merci d'avoir été là pendant ces six années, pour m'aimer, me nourrir, me soigner et me câliner. Merci d'être là pour les autres, tout cet amour que vous ne pouvez plus m'offrir, continuez à le donner à d'autres.
À toi, je ne dirai plus rien.
Tu es comme moi, pour moi, tu n'existes plus. Je suis en paix."
Lettre communiquée par Christiane Pin
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