Moumou, la Minouche, sont beaucoup moins connues que Ninon, Nana, Thérèse (Raquin) et autre Gervaise... Pourtant, elles sont de la même très grande famille, celle des héroïnes de Zola. Et elles figurent dans ses romans ! L’auteur, probablement l’un des français les plus célèbres au monde avec Saint Ex, avait une vraie adoration pour les chats. Il leur a même écrit un « Paradis », on y reviendra, qui est aussi cruel pour la société fin 19ème- tout début du 20ème que Zola a si effroyablement décrite, selon l’expression d’Albert Londres, « en portant sa plume dans la plaie »...
Formidable Emile Zola ! Il est un auteur incroyablement prolifique et de talent (j’ai lu les Rougon Macquart pendant les cours de math quand j’étais en première au lycée, pour une fois, j’ai aimé les cours de maths...). Il est connu dans le monde entier pour son article « J’accuse » dans l’Aurore, journal alors dirigé par Clémenceau, étape importante de l’avancée de la justice dans cette honte nationale qu’a été l’Affaire Dreyfus. De façon non accessoire, il était le pote de Manet, de Renoir, il a même été l’ami d’enfance de Cézanne, il est enterré au Panthéon (sa tombe au cimetière de Montmartre est donc un cénotaphe) bref, Zola est un de ces vrais et rares mecs qui ont fait avancer l’histoire dans le bon sens.
Même mort d’ailleurs il a dénoncé la connerie humaine, la preuve : lors du transfert de ses cendres au Panthéon, un journaliste d’extrême droite a tiré sur Dreyfus ! Bon, le 21ème siècle n’a pas de leçons à donner à son prédécesseur, en 2014 on en est à déifier les soi-disant journalistes « french bashers »... Bref, Zola est un mec incroyable et bien entendu, il a adoré les chats !
Sa maison de Medan, près de Poissy, au bas de l’une des boucles de la Seine, était le royaume des chats, il ne pouvait s’en passer. La maison est aujourd’hui en travaux, on la transforme en musée Dreyfus. Et il les aimait tellement qu’il leur a écrit une nouvelle, « Le paradis des chats », mais justement ce paradis... c’est du Zola !
Autrement dit le héros, un angora qui vit dans un luxe effréné et qui est nourri à la viande rouge (à la fin du 19ème, les enfants pauvres ne savent ce que c’est...) a envie de se barrer et de voir ce qu’est la vie à côté de son écrin de luxe... C’est un chat, il fait donc ce qu’il veut et file par la fenêtre ouverte et... c’est là que commencent les emmerdements! Un enfer, il n’a rien à bouffer, il doit aller faire les poubelles comme un vulgaire chat errant, il finit par décider de rentrer, là il se prend une grosse mordale pour s’être enfui mais il décide finalement que le paradis sur terre existe là où il y a à manger...
Et oui, même les chats des livres de Zola en ont bavé !
De vraies bêtes humaines en somme...
Une nouvelle interprété par Gilles-Claude Thériault qui pourrait être un sujet de reflexion sur ce qu'est la liberté.Cette nouvelle ecrite en 1886 est extraite de Noveaux contes à Ninon
La moralité de cette belle histoire ne serait elle pas qu'il faudrait peut être toujours apprécier ce que l'on a et ne pas trop chercher à désirer ce que l'on a pas et que l'on imagine toujours plus merveilleux.