Bon, échanger avec un chat est un truc assez compliqué parce que l’animal pense d’abord à sa gueule, et la communication se fera à sa guise…
S’il a envie de jouer, il s’amusera de lui-même avec le moindre truc qui traîne, avec une ombre sur le mur. Pour lui donner envie de jouer parce que vous avez envie de vous amuser avec lui, il faut en faire des tonnes. Agiter frénétiquement le plumeau, faire craquer un papier de bonbon (un de mes chats adore courir après et me les rapporter), mais la plupart du temps l’initiative vient de lui.
De même, c’est en agitant la boîte à croquettes que vous le ferez accourir quand il a faim, en faisant un boucan du diable.
Bon, alors on ne peut rien échanger ?
Si, mais que vous lui déclamiez du Valery, « Le vent se lève, il faut tenter de vivre », que vous lui répétiez la météo marine « Dogger, wind northwest backing southeast later, 5 to 7, occasionally gale 8 at first » ou du Audiard « Les cons n’ont pas de limites, c’est même à ça qu’on les reconnait », le chat aura la même écoute, il vous regardera c’est sûr (quoique…) bref vous lui racontez n’importe quoi il s’en fout royalement.
C’est donc le ton qui va compter.
Si vous voulez lui indiquer qu’il sort du mauvais chemin, pourquoi pas les mots du cimetière marin mais avec le ton de César dans « Et vous me dites que je suis coléreux »… Le greffier va se douter qu’il y a faute. Idem, pour l’inviter sur vos genoux la météo façon BBC de la zone Dogger pourquoi pas, mais avec le ton de Marilyn chantant « Happy birthday to you Mr President » et il y a de bonnes chances qu’il comprenne que vous avez envie de quelque chose.
Après, on confirme avec des gestes des mains, moi je claque des paumes pour dire « interdit », je me donne une tape sur le genou pour l’inviter.
« Tu veux sortir ? » voilà une question qui n’aura jamais de réponse, quel que soit le ton adopté.
La même en ouvrant la fenêtre de l’appartement (grillagée !) ou la porte du jardin, il retiendra peut-être, au bout d’un paquet de fois le mot « sortir ».
A condition de toujours le formuler de la même façon. Il y a un monde entre « sortir ? » avec la voix de Carla Bruni et « raus ! » avec celle de la Kommandantur.
Oubliez « dehors ! », le seul truc pour ça est de claquer dans les mains.
Gardez le ton affectueux pour les envies, le ton réprobateur pour les conneries, et vos échanges avec le chat seront déjà un bon début.
« Manger ? ». Essayez, sur un ton adéquate, c'est-à-dire un peu gogol, le chat va vous regarder, si vous vous levez en même temps, il pigera vite que ça va être un bon moment.
Et honnêtement, après, c’est lui qui va vous parler, beaucoup avec des gestes d’ailleurs, parce que lui croit que vous comprenez le chat, mais quand il vous voit et vous écoute baratiner, il vous regarde avec un mépris total puisque à ce moment-là, vous n’êtes pas de son monde.
Entrez y dans son monde, mais la voie est étroite…
Et longue.
Si vous n’avez pas cette patience, achetez un mainate et sifflez lui « I’m singing in the rain » et à partir de la trentième fois dans la journée vous détesterez Gene Kelly !
Finalement, le chat c’est apaisant…
Quand j’y pense, il ya un truc que je partage avec mes chats…
Les documentaires animaliers à la TV ! Les poissons, à la limite, ils s’en foutent un peu. Les gros chats, façon lion et guépards les font tourner la tête vers la TV (je n’ai pas de grand écran, les cousins africains, américains et indiens qu’ils voient font donc leur taille !) et ce qui les fascine, c’est les piafs, de l’aigle royal au colibri !
Voilà, aller au cinoche ensemble, c’est le début d’une grande histoire non ?
6/9/15