Bon, sans être un bac plus quinze en SVT puis major de promo à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, on sent bien de façon intuitive que dans un tas de situations, le chat est carrément plus balaize que nous. On a donc pensé à un match des sens, l’homme et le chat ont les cinq en commun... Allez un petit retour au lycée, les cinq sens sont ?
La vue, l’odorat, l’ouïe, le toucher et le goût.
Et c’est l’homme qui marque le premier essai. Pas transformé mais essai. (Pour les non-initiés du monde ovale, cela signifie qu’on marque un point mais de justesse…). Parce que contrairement à ce que l’on croit, le chat ne voit pas mieux que l’homme. Micetto a déjà publié un papier sur ce point, on rappelle brièvement que si le chat voit mieux la nuit grâce à ses bâtonnets, s’il peut élargir à volonté la taille de sa pupille, si son rapide remplacement rétinien lui permet de mieux voir le mouvement que nous, il reste qu’il est franchement bigleux. De près et de loin. Et paf dans ton pif le chat… Score 1-0...
A propos de pif… Là chers amis humains, on est fanny. Pour les non-initiés de la pétanque ou du baby foot, cela signifie que l’on est battu sévère, total, limite humiliant. Plus battu à plate couture tu peux pas. (Pour les non-initiés de la couture, quand il y avait une surépaisseur ou un ourlet disgracieux, il était écrasé à coups de gourdin. L’expression est restée…) C’est simple, d’abord les chiffres. Ce qui fait l’odorat ce sont les cellules de détection que l’on a dans le nez. Cinq millions chez l’homme. Ah oui quand même, il y a d’ailleurs chez l’humain un métier qui s’appelle « nez », celui qui crée les parfums. Bref on est balaize alors ? Euh… le chat, deux cent millions de cellules… Quarante fois plus ! Et ce n’est pas tout ! Il communique par le pif. Nous on a les gestes, la parole, lui il fait ça par l’odeur. Celle des glandes odoriférantes qui se trouvent sur sa tête. Il ne vous aura pas échappé que votre chat se frotte le museau et le coin de la bouche sur votre manche, sur le bouquin que vous lisez, sur un pied de table, un meuble, le piano etc…. En fait, il dépose son passeport ! Le suivant fait la même chose, et donc le premier doit repasser pour que son passeport soit sur le haut de la pile. Bon bref sur ce coup-là, on est nuls. Les êtres humains utilisent parfums déodorants, après-rasage et autres sent-bon, mais ils doivent l’acheter, chez les chats c’est gratoche ! On est battus grave là ! Score 1-1. C’est dur à entendre ça… Justement…
Ouïe contre ouïe, le chat nous en met encore une… Ce à quoi l’oreille est sensible, c’est un son, et donc une fréquence. Un son c’est comme une vague, qui toucherait le tympan. Sauf que les chats entendent beaucoup plus de fréquences que nous. Une fréquence se définit en Hertz, un Hertz c’est une vibration par seconde. Les chats montent à 100 000 hertz, on est alors dans le domaine de l’ultra-son, que l’homme n’entend pas. Un chien, c’est balaize aussi, mais seulement 40 000 hertz. Et nous, péniblement 20 000. En plus, quand vous voulez mieux entendre le prof ou le patron qui a pris froid et est devenu aphone, vous avez besoin des mains pour modifier la courbure de l’oreille… Le chat, lui, il fait ça sans les mains tout seul, les oreilles se modifient en courbure et en direction, à sa guise. Et oui, ce match là les hommes (et les femmes !) on l’a encore perdu ! Bon, certes, les femmes disent qu’elles ont un sixième sens pour découvrir le mari cavaleur mais s’il est prouvé que ça terrorise les mecs, il n’est pas prouvé que ça existe vraiment… Score 2-1 pour les chats.
Bon, justement, on parle de relations hommes-femmes, en ce qui concerne le toucher, on les pulvérise les greffiers non ? On appelle même ça la sensualité et on dit que c’est un art. Euh…
La sensualité passe par la peau, les mains, bon on va pas faire de dessins… Les chats ont aussi la capacité du toucher avec les pattes, ils en ont quatre alors que l’on n’a que deux mains mais là je gnognote… Mais eux en plus, les chats, ils ont un truc infiniment plus sensible, les moustaches. De vraies antennes radar du toucher. D’ailleurs, ça marche à distance ! Et histoire de nous coller encore le but qui tue, des moustaches, ils en ont sur le nez mais aussi à l’arrière des deux pattes avant, quasiment invisibles. La souris qui passe dans le noir, ils la traquent plus avec les moustaches qu’avec les yeux… Un radar quoi. Ce match là est dédié à tous ceux qui, cela m’est arrivé plusieurs fois, se sont un jour collés la tronche dans un poteau électrique, parce qu’ils regardaient ailleurs… J’ai aussi porté la moustache mais ça ne marche pas ! Score 3-1 pour les chats.
Voilà le chat a marqué trois buts, nous un. Histoire d’éviter le ridicule, on terminera par le goût. Là c’est sûr, on est imbattables ! En plus on est français, non seulement on est forts question gueule, mais le monde entier connaît le goût à la française, le « french touch »… Là je dis n’importe quoi, c’est pour déstabiliser l’adversaire, marre de se faire tailler des croupières. (Pour les non-initiés du combat médiéval, tailler une croupière consiste à couper d’un coup de taille de l’épée la croupière du cheval du cavalier ennemi, sa selle ne tient plus, l’ennemi est à terre… Après fastoche pour lui casser la gueule).
Retour au goût. La détection du goût, ce sont les papilles. Le chat en a moins de cinq cents, l’homme pas loin de dix mille ! Donc on marque un point. Mais le chat goûte aussi par l’odorat ! Bon, mais dans les souks marocains, au rayon épices, le nez humain sert largement autant que les papilles ! D’accord, comme je suis totalement de mauvaise foi, arbitre pourri, je mets un partout… Et oui, on allait prendre une dégelée quatre à un, après, comment je fais pour expliquer à mes chats que c’est moi le tôlier ? D’ailleurs, comme le chat n’a rien dit ce n’est pas complètement triché… En fait, le chat n’a rien dit parce qu’il s’en fout, il fait semblant que je sois le patron parce ce que qu‘il veut, c’est qu’on lui foute la paix quand il pionce et avoir ses croquettes le soir, il s’en sort avec un frôlement que je prends pour une tendresse (voir ci-dessus…) et même sur ce coup-là il m’a bien eu. Bon quatre à deux même un peu forcé, on a perdu mais en face, il y avait du lourd ! Score final : quatre à deux pour les chats…
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