Un chat qui change d’environnement est souvent stressé, alors quand en plus la personne qui s’occupe de lui n’est pas la même que d’habitude, il va avoir une envie folle de se barrer et de se retrouver un autre endroit où il sera peinard, fût-ce au détriment du confort. Ainsi donc, quand on laisse la maison de campagne ouverte pendant les vacances parce qu’il fait beau, que l’on y a un beau grenier, il y a de fortes chances pour qu’un intrus s’y installe, l’intrus pouvant être aussi une chatte qui cherche un coin peinard pour accoucher. Bref, la maison à la campagne, on fait attention à qui entre et attention à bien faire le tour avant de partir et de fermer… Il n’est jamais absurde d’ailleurs de laisser une clé à un voisin qui ira faire un tour après une tempête ou de temps en temps pour voir si tout se passe bien… ou mal.
Témoin cette affaire survenue il y a quelques années dans le Jura…
La chatte s’appelle Assette, non parce que ses proprios anglophiles la considéreraient comme un patrimoine, (asset signifie «le capital » chez Shakespeare) mais parce qu’elle a été trouvée sur l’A7, autoroute bien connue qui prolonge l’A6 entre Lyon et Marseille…
Déjà, quand on s’appelle comme ça, c’est un début de destin…
Et c’est loin d’être fini car aujourd’hui, on pourrait l’appeler « Bombard », du nom de ce médecin aventurier qui, inventeur du célèbre canot en caoutchouc qui ne lui apportera jamais un rond, avait traversé l’Atlantique en quittant les côtes françaises sans rien à boire ni rien à manger à bord de son bateau l’Hérétique, le trajet Monaco-La Barbade par les alizés lui a pris 130 jours où il a bouffé du poisson et bu du jus de poisson et de l’eau de pluie… quand il pleuvait ! Voilà donc la chatte « hérétique »…
Assette a deux ans et habite Château-Chalon, un village dont le nom aurait fait un très joli titre de soap feuilleton pour la TV mais qui est mondialement connu pour le vin jaune que l’on y fait…
Mais tout ça, Assette, elle s’en fout. En revanche, ce qui va changer sa vie, c’est que Violaine, sa proprio, a refilé l’animal à son père pour la durée des vacances…
La chatte s’est évidemment barrée, on a écrit mile fois dans Micetto qu’un animal qui change d’environnement est stressé et doit être rassuré et surveillé.
Le père cherche la chatte dans la maison voisine, inhabitée d’ailleurs, il y a eu un décès et tout a été vidé, mais en regardant par les fenêtres, il ne voit pas de chatte, rien.
Alors il alerte le village. Le truc classique, les affichettes, le père s’appelle Michel et intitule ses appels au peuple « C'est le père Michel qui a perdu son chat »… Assette devient donc une star mais reste introuvable. Bien évidemment tout le monde se mobilise le nom du chat est crié partout dans le village pendant des jours et des jours.
Retour de vacances, mauvaise nouvelle pour Violaine…
Pourtant… Il se trouve que le jardin potager de la maison abandonnée est encore plein de patates, tomates et autres légumes, le village s’y sert gaiement et Violaine fait partie des bénéficiaires…
Les gens qui ont perdu un chat font toujours la même chose quand ils vont dans un endroit qu’ils fréquentent peu ou pas du tout, ils appellent leur animal.
Et ça marche, miaulement très discret, elle fait ouvrir la maison (moi j’aurais enfoncé la lourde mais c’est mon côté gros c…) et elle retrouve sa chatte, amaigrie mais vivante.
Bon, médicalement, on ne survit pas dix huit jours sans eau. Sans bouffer oui, mais pas sans eau. Il est donc clair que la chatte a trouvé les quelques gouttes salvatrices et que les souris du coin ont dû passer de mauvaises vacances d’été…
En somme, elle s’est recréé un univers dans cette maison vide. Et elle s’y est fait un nouveau rythme de vie, à base de rareté.
A son arrivée à La Barbade, Alain Bombard avait affirmé que ce qui tue les naufragés sans horizon n’est pas la faim ou la soif mais le désespoir. L’avantage d’être un chat c’est qu’on ne sait pas ce que c’est le désespoir. Quand il n’y a pas à bouffer ou à boire, on trouve quand même. Un animal domestique retrouve vite l’état sauvage, ce que l’homme ne sait plus faire depuis longtemps. C’est ce qui rend ces animaux si attachants, en fait ils n’ont pas besoin de nous, cela s’appelle l’indépendance et c’est une qualité qui fait que l’on aime ou l’on n’aime pas les chats. Nous, on est pour !
Au fait : Adorer un animal parce qu’il est indépendant est une chose formidable, avec un inconvénient, c’est…justement qu’il est indépendant ! Bref, quand vous emmenez un chat citadin à la campagne, ou un chat rural ailleurs que dans sa campagne habituelle, ne le lâchez pas en liberté totale et tout de suite, il ne va pas aimer ça et va chercher un coin isolé où il soignera son stress. C’est comme ça que vous allez le paumer, parce qu’il se trouvera tellement rassuré au point qu’il se fichera totalement de la boîte à croquettes que vous agitez frénétiquement pour le faire revenir ! Bref, on le lâche mais progressivement et surtout regarder où sont ses coins refuges, ce qui veut dire qu’au début il ne faut pas le lâcher des yeux !
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