Je parle souvent de stress chez le chat. Stress, angoisse, pré-dépression sont courants chez le chat. Et souvent on me répond « mais mon chat n’est pas stressé, il joue ! » joue, mange, reste câlin, ou autre chose. C’est normal, le chat est un animal, et un animal ne fait pas voir ses faiblesses, sous peine d’être exclu du groupe, voir abandonné à un prédateur.
Je sais que chez vous, il n’y a pas de prédateurs susceptibles de dévorer Minet, tout comme il vit peut être seul, donc son groupe… eh bien son groupe c’est vous, et le prédateur c’est l’abandon, ou simplement le désamour !
Aussi le chat manifeste son stress de façon totalement différente à la nôtre. Pipis, crottes hors litière, alopécie, auto mutilations, et autres PICA sont des manifestations possibles de stress. Par réaction naturelle, on va gronder, disputer, interdire au chat d’uriner hors du bac ou de se lécher. Ce qui ne fait qu’augmenter son stress : ses appels au secours restent sans aucune réponse positive de votre part, et vous le gronder d’être mal dans ses pattes… Il se sent abandonné, mal aimé, et pour peu qu’il faille changer le canapé imbibé d’urine, il sent que vous êtes très en colère contre lui… il se sent responsable de vos manifestations d’humeur, et se replie sur lui-même davantage.
Et un jour, cette accumulation de stress se transforme en pré-dépression. Le chat bouge moins dort plus, se toilette davantage mais sent fortement mauvais. La gamelle va aussi se voir malmenée : vite vidée ou au contraire délaissée. Les habitudes de votre Minet changent, vous ne comprenez plus votre chat, vous ne savez pas ce qui se passe et vous n’avez rien vu venir. Pour peu que le temps (qui est compté) se déroule un peu trop et la dépression arrive et s’installe chez votre Minet. Elle s’installe de façon définitive. Un chat dépressif ne ressortira pas vivant de cet état. En plus de 10 ans, de mémoire je n’ai vu un retournement de situation dans la 1ere semaine de dépression qu’une seule fois, parce que les maîtres ont été très réactifs et que le vétérinaire avait de suite pris contact avec moi pour savoir comment aider ce chat…
Le chat qui entre en dépression se néglige, plus de toilettage : les prédateurs susceptibles de le tuer le trouveront plus vite ainsi, puisque la vie n’a plus de sens pour lui !
Le chat dépressif va aussi refuser de s’alimenter, même de ses friandises préférées, afin d’en finir au plus vite.
On peut bien entendu placer le chat sous antidépresseurs : peu de temps leur action sur le foie entraine des lésions hépatiques graves. Et dès l’arrêt, le chat replonge exactement au même stade que celui du 1er jour de prise des antidépresseurs… Je ne recommande ceci que sur un chat en parfaite santé, de moins de 8 ans, et sous contrôle hebdomadaire, à condition d’élaborer une thérapie en parallèle afin de résoudre les causes de la dépression avant de replonger le chat dans la vie sans cachet…
On pourrait aussi alimenter le chat de force, mais quelle vie s’ouvre à lui si on ne résout pas les causes de son mal être ? Un chat dépressif est un chat condamné à 99% des cas. Dès les premiers signes de changement de comportement, même anodins ou sans conséquences à vos yeux, il faut agir si vous tenez à passer encore de longues années de sérénité avec Minet !
(1) Rappelons que Marie Hélène Bonnet est thérapeute comportementaliste du chat, au service depuis 2004, des chats et de leur bien être.