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La mort du chat...

12/11/2013
La mort du chat...


Vangelis Papathanassiou, alias « Vangelis », c’est plus facile quand on devient une vedette mondiale, a écrit pour la série documentaire « L’apocalypse des animaux » (Rossif, 1970) une musique terrifiante, «La mort du loup »,  sur des images qui m’ont fait vraiment chialer et me refont chialer alors que je l’écoute en écrivant ces lignes.
Dans la vie sauvage, le loup est ma bestiole préférée. Dans ma vie personnelle, j’ai toujours eu des chiens et des chats, je les ai adorés et leur mort a été une tragédie de mon histoire.
Que faut-il faire soi même, que faut-il dire, en particulier aux enfants ?

 

Ces réponses n’engagent que moi. 

Chaque fois que l’on m’a annoncé qu’un de mes animaux était perdu, j’ai demandé à assister à la procédure d’euthanasie, j’ai même plusieurs fois moi-même appuyé sur la seringue, c’était ma façon de dire merci à mes amis pour les années géniales vécues ensemble, être avec eux jusqu’à la fin.
Et je ne m’en suis évidemment pas remis.
Parce que bien entendu, dans la foulée, c’est moi qui les ai emmenés au crématoire.  
Bref, laisser faire le véto et les transports spécialisés dans le transfert vers les crématoires est quelque chose que je conseille vivement, c’est contraire à mon éthique, mais tellement insupportable qu’il faut ensuite avoir des nerfs d’acier.
Ce n’est absolument pas de la culpabilité, au contraire, mais je confirme que c’est terrifiant.
Je reste sur mes convictions, pas d’acharnement thérapeutique et présence active lors de la fin, mais si je savais me conseiller moi-même, je ne ferais pas comme ça.
Je ne dis évidemment pas que les vétos s’en foutent, que les transports spécialisés penseraient surtout à leur blé et que faire tourner un crématoire serait une activité comme une autre, la mort c’est moche et pour un animal, c’est innocent.
Bref, évitez-vous ça, c’est un vrai conseil vécu.
Et laissez faire ceux qui en ont plus l’habitude que vous. 

Pour les enfants, idem, il y a plusieurs options.
Celle qui consiste à leur dire que leur chat est sur la lune est d’ailleurs à double sens, d’un côté c’est poétique, d’un autre, si c’est dit au sens premier, on les prend pour des cons, or les enfants sont tout sauf ça…
Il est probable que jusqu’à trois ou quatre ans, ils n’aient pas une idée exacte de la mort, de son caractère inéluctable, et du côté définitif de la disparition. Il faudra donc peut-être se répéter. Plus tard, avec des enfants plus âgés, ce qui est sûr c’est que l’on n’annonce pas ce genre de chose au téléphone, on n’utilise pas de phrases ampoulées, et que l’on reste avec l’enfant qui peut avoir une réaction violente tardive. Il s’agit bien sûr d’un cas où l’enfant ne voit pas la mort de l’animal. S’il y assiste, ce devra être par accident, pas par volonté. Par ailleurs, le faire assister à l’euthanasie serait un choc terrible, même l’adulte que je suis a eu du mal, beaucoup de mal à le faire. Donc pas question. Expliquer qu’on a dû euthanasier n’est pas non plus une bonne idée, c’est un débat philosophique qui concerne éventuellement l’ado, pas l’enfant.
Bref, on lui dit ce qui en est, on répond aux questions, mais on n’en rajoute pas des tonnes.
Reste une option. Le remplacement immédiat. J’ai vécu ça aussi, pas chez moi, chez un pote dont la sœur s’est mise à hurler à la mort, elle avait entre quinze et vingt ans, quand son caniche a été tué net par un camion devant chez elle, une jolie maison de banlieue.
Avec d’autres potes qui étaient là, on a sauté dans les deuches et on a cherché une animalerie, on a trouvé, on a racheté un chien quasiment identique et on l’a rapporté, elle a retrouvé le sourire.
Alors ? Les psy (chologues, chiatres, chanalystes et autres…) vous diront qu’il ne faut pas remplacer tout de suite, l’enfant doit apprendre le deuil, il aura d’autres pertes dans sa vie et il faut qu’il se prépare… Merci messieurs, voilà vos 500 balles, 5000 selon le quartier, mais si l’on peut adoucir la douleur d’un môme au prix d’un artifice de ce genre, pourquoi pas ? Je dirais même que le remplacement coûte infiniment moins cher que le psy, y compris s’il s’agit d’un un chat ou d’un chien de race.  En effet, l’enfant devra un jour affronter un deuil, mais il se cassera aussi la gueule à vélo, faut-il donc le pousser dans un mur pour autant ? Il se prendra évidemment un jour une grande baffe dans une bagarre de cour d’école, faut-il pour cela lui en mettre une préventive, pour qu’il sache ce que ça fait ?  
Moi quand j’ai mal aux dents, je prends des calmants. Mes enfants n’y auraient pas droit ? La douleur physique n’est plus considérée comme une rédemption depuis longtemps, sauf par que quelques sectes par définition antédiluviennes. Alors pourquoi la douleur morale serait-elle souhaitable et formatrice ? J’ai avec mes chats des relations d’amis, et je leur réserve le même traitement. Mais il y a un moment où la mort devient une séparation non négociable. Il est bien temps alors d’avoir mal, terriblement mal. Pas la peine d’anticiper… 

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