« Nationale 7 !» chante si joliment Trenet, sur la route des vacances des années soixante, c'était avant cette horreur toujours bouchée ou toujours en travaux qu’est l’autoroute du Sud… Et pendant ce temps, l’approche des grands départs vers le soleil se transforme en cimetières sous la lune…
C’est une tradition qui se perpétue, indigne (amical salut à Stéphane Hessel…) de l’homme, l’abandon des animaux dans les bois qui entourent les grandes villes, chaque été, des centaines de chats devenus grands et donc beaucoup moins amusants, sont ainsi laissés à une soi-disant liberté dont ils sont incapables de bénéficier puisque la liberté, ils ne savent pas ce que c’est.
L’abandon ?
Cela existe dans toutes les sociétés, chez certains piafs, un oisillon touché par l’homme ne peut retrouver le nid familial. Chez certains ours, le noir entre autres, la mère peut même dévorer ses petits, et pas forcément parce qu’elle a faim, j’ai assisté à ça dans un très grand parc animalier de la région parisienne.
Chez l’homme, ce sont les vieux que l’on abandonne, parfois ouvertement, c’est la tradition dans les tribus Inuit (enfin c’était…) de laisser sur la banquise pour servir de proie aux ours, au moins l’abandon sert-il à quelque chose, les vielles femmes dont les dents sont trop abîmées pour attendrir les peaux destinées aux vêtements.
Dans nos sociétés dites avancées, cela porte un autre nom, la maison de retraite… Où nos vieux sont abandonnés aux dents des requins…
Retour au chat, animal policé mais jamais policier, raison pour laquelle Cocteau le préférait au chien… le problème c’est l’attendrissement, ce que notre site dénonce, ce fameux anthropomorphisme qui fait que l’animal est le miroir de son maître, l’envers comme l’endroit…
Bref, on dégouline d’émotions devant les chatons, à une époque, on voyait même de belles élégantes avec un lionceau dans les bras, comme quoi l’élégance et la crétinerie peuvent aller de pair, chatons tellement mignons, beaucoup plus en fait que les enfants braillards qui nous ont valu des nuits blanches par paquets, bref, le chaton est l’enfant que l’on aurait aimé avoir, maladroit certes, mais dont le cri est inaudible, la griffe peu acérée, les dents qui piquent la peau de la main comme un rayon de soleil inattendu…
Et puis, au fil des semaines, le chaton est moins amusant, le joujou lasse, il devient un animal de compagnie qui demande des codes, bref, il devient indépendant, ce qui est évidemment insupportable pour un (ex) jouet !
Churchill, pour qui je n’ai pas une admiration béate, son histoire est loin de n’être qu’héroïsme, avait en revanche des mots assez « English hioumeur » sur la vie, il disait ceci des chats, que j’aime bien…
« Les chiens vous regardent tous avec vénération. Les chats vous toisent tous avec dédain. Il n’y a que les cochons qui vous considèrent comme des égaux ».
Ce dédain là, qui fait le génie de la gent féline, est tellement insupportable aux « maîtres par erreur » que la moindre occasion devient une raison d’abandon. Comme on n’ose pas les tuer en direct, on se donne bonne conscience en les laissant en forêt, ou sur une aire d’autoroute où l’on pense qu’une bonne âme leur donnera une seconde chance.
On m’objectera qu’il y a aussi des abandons d’enfants… A ceci près que ce type d’agissement est souvent dicté par la misère et que si ce n’est pas le cas, il est même parfois poursuivi au pénal.
Or ici, pas de misère, seulement une dégueulasserie sans nom. Pour l’éviter une seule solution, se dire qu’un chat que l’on adopte, c’est pour la vie.
C’est comme un mariage alors, une histoire d’amour ?
C’est bien plus que cela, car une histoire d’amour s’arrête alors que l’on ne peut pas divorcer d’un chat.
PS : Les solutions… Vous partez en vacances dans un pays qui va mettre votre greffier en quarantaine ? Entre les amis, la voisine, la concierge, il y a souvent une solution pas loin de chez vous… Il y a des tas d’organismes officiels ou non, qui gardent vos animaux. Le home-sitting permet même à un retraité de venir vivre chez vous, s’occupant des animaux et des plantes vertes et même de dissuader un éventuel malfaisant de venir fracturer la porte d’un appartement clos… Cela coûte c’est sûr, et je ne vous ressortirai pas le sempiternel « Quand on aime etc… » mais ceci : pendant que vous visitez le musée de Boston, quand vous assistez au spectacle du Bolchoï à Moscou ou au Mozartkonzert à Prague, quand vous shootez (en photo !) les éléphants du Kruger Park ou les ours polaires de la baie de Churchill, se dire que votre guichetier (argot de Vidocq, la chatière ressemble à un guichet) est heureux comme vous, c’est la télépathie du bonheur !
21/02/2013