Sur la côte nord de l’ile de Majorque se trouve un lieu privilégié, une sorte de petit paradis. La côte découpée forme des petites criques, appelées “calas” où, sur le sable blanc de la plage, poussent des tamaris rabougris. Malgré la présence de deux hôtels, il règne en cet endroit un calme serein. La vue est prodigieuse sur la mer azur et les collines au delà de la baie. Le clapotis des vagues est le seul bruit en cette saison. Les maisons blanches sont basses et entourées de jardins fleuris. Mais le plus charmant est la présence de multiples chats libres, tous plus beaux les uns que les autres.
La variété des robes des chats m’a toujours interpelée : entre les roux (la plupart des chats roux sont des mâles, le saviez-vous ?), les écailles de tortue (presque toujours des femelles), les noirs ébène, les noirs et blancs, les tout blancs, les crèmes,tigrés, tricolores...toutes les couleurs sont représentées dans cet éden des chats.
J’aime marcher à la tombée de la nuit le long de la mer. Pierre Loti disait que c’est l’heure où on entend l’âme des chats. Ils viennent vers moi dans l’espoir que je leur donne une nourriture, certains sont si maigres. Les chattes sont presque toutes pleines à cette époque de l’année. Parfois, si vous avez de la chance, vous pouvez découvrir, bien cachés dans le feuillage d’un jardin, les chatons d’une portée, encore petits, qui attendent impatiemment le retour de leur mère. Ils se blottissent les uns contre les autres, si vulnérables, ouvrant déjà de grands yeux sur le monde qui les entoure.
Je viens tous les soirs voir mes petits félins majorquins, je commence à les connaitre, à leur donner des noms. La plupart sont très jeunes, à peine adultes. Sans doute, sont-ils nés là. De quoi se nourrissent-ils ? De la chasse aux souris ? Quel est leur avenir ? Je n’ose y penser. Ils n’ont pas que des amis. Si les touristes s’attendrissent sur eux et leur donnent parfois à manger, d’autres personnes du village commencent à ressentir du désagrément de cette présence qu’ils jugent trop envahissante et réprimandent les vacanciers qui les nourrissent. La police municipale veille également, j'ai en effet été verbalisée pour avoir nourri ces pauvres chats affamés.
Combien de temps, ce petit paradis va-t-il être préservé ?
Il faudrait une Brigitte Bardot espagnole pour monter une Association qui se préoccuperait de ces chats, les trapperait pour les stériliser et les nourrir.
Les Majorquins ne gèrent pas leur population de chats et les laisse proliférer et après ? Je n’ose pas penser à ce qu’ils sont capables de leur faire. Mais gardons espoir, pour le moment, les chats sont tolérés dans ce village côtier et bien qu’ils soient nombreux, ils ne font de mal à personne. J’aime les regarder vivre, évoluer sur la plage, se cacher dans les arbustes..