La nouvelle réglementation adoptée par la ville de Roanne, visant à interdire le nourrissage des chats et pigeons errants sous peine d'une amende de 450 euros, soulève de vives critiques. Cette mesure, présentée comme une initiative pour limiter la prolifération des animaux errants et préserver la biodiversité, semble en réalité ignorer la dimension humaine et les besoins fondamentaux de ces animaux délaissés.
D'une part, cette décision met en lumière une approche répressive plutôt que préventive ou éducative face à un problème de société complexe. Les chats errants, souvent le résultat d'abandons ou de manque de stérilisation, requièrent une attention et des soins, pas des sanctions. En imposant une amende à ceux qui, mus par la compassion ou un sentiment de responsabilité morale, choisissent de nourrir ces animaux, Roanne tourne le dos à un principe fondamental de bienveillance envers les êtres vivants.
Romain Bost, conseiller municipal en charge du bien-être animal, justifie cette mesure par la nécessité de contrôler la population féline et d'éviter les nuisances associées, comme la prolifération de rongeurs attirés par la nourriture. Cependant, cette vision simpliste ne prend pas en compte les efforts de nombreux citoyens et associations qui s'efforcent de gérer de manière responsable et éthique la population de chats errants, notamment par la stérilisation et le suivi médical.
L'existence d'abris destinés au nourrissage des chats dans certains lieux de la ville montre une reconnaissance tacite du besoin d'assistance à ces animaux. Pourtant, l'application stricte d'une amende élevée pour toute alimentation hors de ces zones spécifiques est non seulement contre-productive mais également injuste. Elle punit des actes de gentillesse, tout en ne proposant pas de solution réelle au problème de fond.
De plus, l'argument selon lequel le nourrissage favorise la prolifération de chats est discutable. Des études ont montré que des programmes de nourrissage contrôlé, associés à la stérilisation, sont bien plus efficaces pour gérer les populations de chats errants que l'interdiction pure et simple.
Enfin, cette réglementation semble ignorer les aspects légaux et éthiques de la protection animale. Le Code rural autorise le nourrissage des populations capturées pour la stérilisation, soulignant l'importance de la prise en charge de ces animaux plutôt que leur punition.
En conclusion, au lieu d'adopter une approche punitive, la ville de Roanne ferait mieux de travailler main dans la main avec les associations de protection animale pour trouver des solutions durables et éthiques au problème des chats errants. La compassion, l'éducation et la coopération sont des clés bien plus efficaces pour construire une communauté respectueuse de tous ses membres, humains et non-humains.