En Australie, le chat est une espèce importée par les colons, au début du 18ème siècle et l’animal s’est transformé en espèce invasive. Dans les fermes qui bordent l’immense désert qu’est le centre du pays, et se développent jusqu’à l’Océan, dans les villes en phase de création, toutes en bord de mer, le chat a d’abord été utilisé pour lutter contre les souris.
L’Australie étant le seul pays, avec l’Antarctique, où le chat n’est pas une espèce endémique, il a fallu aller les chercher ailleurs. Il n’était alors pas compliqué de s’en procurer, il y en avait sur les bateaux de sa majesté qui convoyaient les bagnards et les prostituées destinés à peupler le pays. Il y en avait aussi sur les bateaux de commerce, pour la même raison vitale, les rats bouffaient tout ce qui était graissé et donc tous les cordages, en particulier ceux qui commandaient la barre, en cas de rupture dans le mauvais temps, le bateau était perdu…
Sur les navires, le chat était donc une énorme sécurité.
A terre aussi mais…
On connaît la faculté du chat à se reproduire à grande vitesse, on abandonnait donc ceux qui étaient en surplus dans la nature.
Le phénomène existe aussi en France où il est contrôlé par l’obligation de castration et de stérilisation des chats domestiques.
Il est mal contrôlé d’ailleurs, cette obligation étant loin d’être respectée…
Mais l’Australie est un pays dont on peine à imaginer l’échelle, il est grand comme quinze fois la France mais il compte trois fois moins d’habitants (23 millions), autrement dit c’est un colosse, désertique sur 18% de son immense territoire, mais un désert habité de quantité d’espèces animales s’étant adaptés à un milieu parfois très hostile… Espèces sauvages qui toutefois ne connaissaient pas le chat !
Les chats qui ont été lâchés dans la nature sont devenus harets, et ils ont, en deux siècles, colonisé la totalité du territoire et dévasté 30 espèces de la faune endémique, un véritable désastre.
L’Australie a donc décidé, en 2015, sur une évaluation totale de vingt millions de chats harets, d’en faire tuer un dixième, soit deux millions, et ce sur cinq ans.
Bien entendu, dans le monde entier, cette mesure est considérée comme cruelle, mais il est clair qu’au niveau du pays, il est impossible de laisser la situation évoluer sans intervenir, on a eu beau créer des grillages anti chats, on sait qu’ils passent partout quand ils ont faim et même les parcs naturels sont dévastés.
En somme, les espèces natives sont menacées d’extinction, les chats harets eux-mêmes pourront devenir en tel surnombre que la taille moyenne de chaque animal , faute de nourriture, va diminuer, phénomène que l’on constate en France et en Europe chez les sangliers et les cervidés dont le prédateur, le loup, a disparu. Il faut du coup faire des prélèvements d’au moins 10% chaque année sur ces animaux pour en protéger l’espèce.
Existe-t-il des solutions alternatives ?
Bien sûr, on peut imaginer cibler les régions les plus menacées, mais la solution restera une sorte de carnage.
On a pensé réimplanter un peu partout le dingo, le chien sauvage, qui a été chassé comme nuisible, à l’instar de ce que nous avons fait en Europe avec le loup, et que l’on ne trouve plus que dans le nord ouest du pays.
Ce dingo est un remarquable chasseur de chats, mais il est aussi un animal assez redoutable, dangereux en fait, le dingo est lui aussi issu de chiens domestiques relâchés dans la nature au fil des deux siècles de colonisation d’une toute petite partie du territoire.
Alors, il n’est même pas sûr que ces prélèvements se fassent à l’arme à feu, on emploiera aussi le poison, avec des dégâts collatéraux énormes.
Voilà, on a beau se dire que c’est insensé, cruel, insupportable, impensable même, mais il n’y a pas le choix.
Ceci servira peut-être de leçon à ceux et celles qui en Europe, refusent de castrer leurs animaux, mais il faut surtout s’imaginer que dans ce pays à la taille démentielle qu’est l’Australie, les solutions aux problèmes naturels sont également gigantesques.
Depuis 2015, l’évaluation de la population de harets a été réévaluée, on serait plus sur cinq à six millions d’animaux mais le problème devient encore pire, car les dévastations étant les mêmes, cela signifie que chaque chat sauvage a un pouvoir de dévastation beaucoup plus important que ce que l’on pensait !
Et donc que l’espèce est encore plus invasive et destructrice que ce qui avait été calculé.
Solution ? Chacun et chacune d’entre vous peut avoir son idée sur la question, mais si l’on réfléchit, sans idées préconçues, que peut-on faire d’autre ?
On sait très bien que, qu’il s’agisse de faune ou de flore, une espèce invasive détruit tout sur son passage.
Les exemples ne manquent pas, de l’algue toxique Taxifolia qui étouffe la Méditerranée ou de cette espèce de tortue américaine carnivore qui, relâchée dans les étangs, se reproduit à vitesse supersonique et détruit absolument toute forme de vie animale autour d’elle.
Que faire ? Que faire d’autre ?
Bien sûr, on peut nier les dégâts occasionnés mais les études proviennent de services scientifiques, pas d’idéologues.