On a lu et on a retranscrit sur le site Micetto tous les bienfaits qu’un animal pouvait apporter aux humains dans un foyer.
On a nous-mêmes des dizaines d’exemples de personnes isolées, âgées, handicapées, d’enfants en extase grâce à leurs animaux, et ceci prouve donc cela.
Et on a nous-mêmes comme exemple de plénitude de bonheur avec nos Chats.
Enfin c’est ce que l’on croit.
Et en cas de doutes, des études émanant d’instituts très sérieux, en tous cas aux noms particulièrement ronflants viennent appuyer fortement cette croyance...
Cette science s’appelle la zoothérapie. Qui confirme qu’un animal à la maison ça fait du bien à l’animal et fait aussi du bien aux humains. Mais voilà... Charles Dantsen, qui écrit sur le forum québécois « Les sceptiques du Québec », c’est le cas de le dire, leur en met plein la g... aux zoothérapeutes !
Penser que la présence d’un animal chez soi fait du bien à l’animal et inversement ne serait pas une croyance mais une certitude idéologique, donc non démontrée et surtout entrée dans la tête à coups de grands principes et d’affirmations péremptoires.
Or il est vrai que ces certitudes là, les idéologies, sont les pires, qu’elles soient religieuses ou politiques, on en a vu les dégâts démentiels au fil des siècles et en particulier au 20ème et 21ème !
Bon, croire qu’un chat à la maison rend heureux et serein est sûrement moins grave que tuer des centaines/ des milliers/ des millions de gens parce qu’ils pensent ceci, sont nés là ou parlent comme ci et comme ça, mais la démarche idéologique serait la même.
Quand j’y réfléchis vraiment, oui, c’est une sorte de certitude. Déjà j’entends hurler que « tout ça c’est des conneries », et justement, c’est le genre de réaction que l’on peut avoir quand on nie une de nos certitudes...
Bon, on lit évidemment ce forum, d’abord parce qu’en effet, la règle d’un journaliste est de douter, de ce qu’il entend mais aussi de ce qu’il pense, ce qui est d’ailleurs une façon historique d’avancer...
On lit aussi parce que l’on est curieux.
Cette curiosité est d’ailleurs obligatoire pour s’informer, sinon on devient juste un mouton...
Charles Dantsen, dont vous pourrez lire l’argumentation en entier en fin de reportage déroule sa démo avec beaucoup de virtuosité.
Un, les soi-disant études scientifiques sur la bonne influence des humains sur les animaux sont dénoncées à travers un dézingage de Brigitte Bardot, de l’infantilisme des rapports humains-animaux, du trafic commercial colossal généré par cet infantilisme, et enfin de la dégénérescence des espèces animales à la mode parce que comme elles valent cher, il faut en faire naître des quantités invraisemblables, et donc beaucoup de nouveaux nés sont de traviole.
Encore un truc vachard sur le fait qu’un animal domestique est quasiment mis en prison toute la journée à attendre que ses maîtres aient fini de bosser, et un autre sur les accidents de vaccination, et encore sur les mutilations (dégriffage des chats, monte en pointe chirurgicale des oreilles de certains chiens) et encore sur les millions d’abandons qui n’auraient pas lieu si les animaux n’étaient pas domestiqués.
Or sur tous ces points, que je résume, si l’on réfléchit bien, à chaque fois on se dit que ce n’est pas forcément faux...
Deuxième partie de la démonstration de l’ami Dantsen, toujours sur la zoothérapie, cette fameuse étude des effets réciproques sur les humains et les animaux domestiques quand ils vivent ensemble. Cette fois, il s’agit de prouver que contrairement aux idées reçues et aux études de tas de zoothérapeutes, les animaux n’ont aucun bienfait sur les humains.
Là, d’entrée on se dit encore que c’est une connerie et puis on lit...
D’abord, longue digression sur la validité scientifique des études en question, là j’avoue que sur la méthodologie d’une étude je n’y connais rien, donc je laisse cette argumentation là aux experts.
Je pige en revanche très vite quand on m’explique que ces études, qui concluent de façon unanime que l’animal domestique est un bienfait pour l’homme, sont toutes financées par les professionnels de l’animal de compagnie, à commencer par les fabricants d’aliments. Si c’est vrai, l’argument est imparable.
Les chiffres sont confirmés par d’autres sources, mais je n’ai pas compté moi-même ! Et ils sont hallucinants. Aux USA, le chiffre d’affaire de cette branche est de 55 milliards de dollars, huitième place au classement du commerce en détail du pays...
En France, le secteur vaut 3,5 milliards d’euro, dont 2,5 pour les aliments, 600 millions pour les accessoires, 400 millions pour l’hygiène et les soins.
Ce qui est donc sûr c’est que l’animal de compagnie fait beaucoup de bien à cette activité... Et si ce commerce finance les études, elles vont forcément déterminer que l’arrivée d’un animal à la maison fait un bien fou à tout le monde !
C’est très brillant. En vérifiant sur d’autres sources, je trouve en effet la confirmation de ce chiffre en France, avec des précisions : le « pet food » hexagonal représente 2,7 milliards d’euro, répartis sur 24 fabricants, ce qui est peu, génère 6000 emplois et un milliard d’euro... à l’exportation !
Donc en effet c’est colossal, et cela pèse évidemment lourd dans les réflexions...
Bon, admettons que l’industrie ait payé des gens pour m’expliquer que les animaux à la maison me font du bien.
Mais moi je le sens instinctivement... Même sans ces études !
Dantsen répond encore que la plupart des chercheurs qui ont fait ces études sont psychologues ou psychiatres et que justement ces deux sciences sont tout sauf exactes.
Et ça c’est exact...
Bon, mais ma conviction... Il a été dit plus haut qu’une conviction, appelée idéologie, est le fruit d’un lavage de cerveau permanent. Donc j’aurais entendu toute ma vie et déjà dans ma prime jeunesse que la présence d’un animal « chez nous » fait du bien à tout le monde. Et c’est encore exact, je vis avec des animaux depuis l’âge de dix ans.
Je sais aussi qu’un animal coûte une fortune, en nourriture et en soins, que ça fait un mal terrifiant quand il meurt, que c’est en effet parfois un problème d’organisation, mon métier de journaliste m’a fait beaucoup voyager. Et un chien doit sortir trois fois par jour, un chat mange deux fois par jour et sa litière doit être changée tous les jours, maxi tous les deux jours. J’ajoute que quand j’ai voulu acheter une caisse spéciale transport aérien, j’ai reculé devant les dépenses et les complications démentielles et j’ai voyagé en auto et moins loin en week end ou en vacances... Avec famille plus les chats ou le toutou ou les deux en même temps...
Bref, un animal chez soi c’est très compliqué, c’est souvent des emmerdes, c’est automatiquement des drames puisque leur durée de vie est infiniment inférieure à la nôtre.
Et tout ça pour un ronron sur le canapé, ou un câlin qui est en fait un marquage de territoire, ou encore des heures de jeux avec plumeaux, poursuite de points laser ou de souris en peluche, voilà côté chat. Côté chien, on paie tout ça pour le plaisir d’envoyer des bouts de bois à perpète des milliers de fois dans un bois et de répéter comme un imbécile « apporte mon toutou »... Le tout sous une pluie battante, avec un thermomètre à quatre degrés et une crève impossible à soigner !
Et bien oui, monsieur le sceptique du Québec, vous avez probablement raison et vos démonstrations sont très brillantes, très pointues. Et en conséquence, comme dans un foyer sur deux en France, je crois que la présence d’un animal fait du bien mais je me fais avoir. D’accord, mes joies avec l’animal sont rares et je ne suis pas sûr de lui donner du bonheur, il serait peut être beaucoup plus heureux en étant sauvage, en jouant ou en chassant avec ses potes.
Sauf que...
Sauf que je suis prêt à continuer jusqu’à ma propre mort, malgré les emmerdes, malgré les tragédies dues aux disparitions, mais je me rends compte que tout ce que j’aime c’est un peu la même chose. Sans aller dans des domaines qui relèvent strictement du privé, j’adore bouffer et ce que j’aime est très mauvais pour la santé. J’adore les sports mécaniques, qui coûtent une fortune et tuent. Je suis un motard frénétique et en effet je me suis fait mal et je continue. J’adore les voyages et les décalages horaires sont tuants. J’adore la musique, et tout y est cher, instruments, concerts, disques... J’adore la BD et j’en suis à acheter des meubles pour les ranger.etc... etc...
On découvre quoi au bout ? Que la passion ça use. Et encore je ne bois plus (depuis trente ans) et je ne fume plus (depuis quatre ans) ! Si je fais le bilan de mes passions, et j’y inclus les animaux, sauvages ou domestiques d’ailleurs, j’ai du y claquer des milliards et y perdre des années de vie.
Je suis donc totalement déraisonnable.
Je suis donc totalement irresponsable.
Je suis donc totalement prisonnier de ma vie.
Je suis donc idiot d’avoir envie d’animaux chez moi, ou de les regarder vivre chez eux quand ils sont dans la jungle, la savane ou le désert.
OK.
J’avoue tout !
Mais tout ça c’est de la théorie.
Et moi, de temps en temps, j’aime bien les moments authentiques, réels.
Et quel pied !