Comme dans toute pièce, quand on ouvre le rideau, ce que l’on voit d’abord est le décor. Nous sommes en Lorraine, dans le département de la Moselle, dans la région du Saulnois. C’est là qu’agit, plus exactement que combat Martine Morel, notre héroïne...
Combat que Micetto soutient, comme il le fait dans beaucoup d’autres cas.
Son slogan, celui qu’elle met en avant dans son blog, c’est « Le chat est l’animal préféré des Français et les Français sont champions d’Europe de l’abandon »...
Là est le premier combat, ralentir l’abandon...On pourrait par exemple résumer le truc ainsi : sauf exceptions, ceux qui abandonnent leurs chats sont d’abord des salauds et ensuite des cons parce qu’ils ne savent pas à côté de quel bonheur ils passent...
Mais pas toujours des salauds... En effet, on peut être obligé d’abandonner son chat, parce que l’on est handicapé, parce que l’on fait un métier où l’on voyage beaucoup, parce que l’on n’a plus la force de s’en occuper, parfois plus du tout d’argent pour se nourrir et donc kif kif pour le chat. Et oui, Coluche, mon pote Michel, a eu le temps de penser aux humains qui crèvent de faim, pas aux chats...
Mais le calvaire des chats abandonnés est loin d’être fini... Car d’autres salauds et d’autres cons font la chasse à ces malheureux félins délaissés. Ils les détestent tellement que la seule vue d’une oreille de félin déclenche des crises d’hostilité... Cela va jusqu’à l’assassinat à coups de carabine de chats libres tirés à bout portant, le cas échéant on casse aussi la gueule des malheureuses nanas bénévoles qui s’occupent de ces animaux, Martine a pour sa part été menacée et poursuivie de nuit par un mec qui lui hurlait dessus et la pistait avec une lampe frontale alors qu’elle nourrissait des chats libres... Elle a fait front et a fini par arriver à expliquer ce qu’elle faisait, à convaincre, ce qui est son obsession à elle, convaincre... et soigner les dégâts de l’abandon et ses victimes...
On rappelle qu’un chat libre est un ex « errant », ou ex « en état de divagation » qui a été trappé, stérilisé, vacciné, parfois tatoué avant d’être remis en liberté, s’il n’a pu être adopté. Ceci s’il n’est pas tatoué ou pucé au moment où il est trappé bien sûr... Martine et ses copines s’occupent aussi de nourrir et de soigner les chats libres de leur secteur.
Pour convaincre de ne pas abandonner, de ne pas adopter si l’on n’est pas conscient qu’un chat est une vraie responsabilité et pas un gadget, pour convaincre de l’utilité publique de faire stériliser les chats en état de divagation, puis de tenter de les faire adopter, ou de s’en occuper dans leur milieu naturel, Martine et ses ami(e)s ont une méthode, la persuasion, et une arme, le blog Grifélins. Le blog relaie le message de village en village, et le réseau fonctionne. Avec les individus, avec les autorités, et même avec Micetto...
Réseau ?
Réseau car Martine n’a pas créé d’association, trop compliqué, prenant un temps fou, et puis les amis nombreux et très enthousiastes au départ, devenaient moins présents, moins motivés... En plus la (future) région Alsace-Lorraine, quand elle a été raccrochée au territoire français, a gardé certaines prérogatives et particularités qui rendent la création d’une association encore plus compliquée qu’ailleurs. (Rappel : Alsace et Lorraine prises par les Prussiens en 1870, reprises et rattachées à la France en 1918, l’Alsace et la Moselle ont été ensuite annexées à l’Allemagne après l’invasion de juin 1940 et libérées en 1945!)
Martine a donc monté une organisation sans association et c’est là que sa démarche est intéressante.
Tout d’abord, elle bénéficie d’une autorisation municipale lui permettant de s’occuper des chats sur le territoire de sa commune.
Ensuite, le boulot est toujours le même, repérer les chats en état de divagation (errants...), les trapper, ce qu’elle fait elle-même, faire analyser par le vétérinaire s’ils sont tatoués ou pucés, dans ce cas les propriétaires sont responsables de leurs animaux, et quand les chats ne sont pas répertoriés, elle les fait stériliser ou castrer, éventuellement tatouer. La SPA et la Fondation Brigitte Bardot distribuent des bons pour ces soins, autrement dit ces structures s’engagent à payer les frais vétérinaires de castration/stérilisation/tatouage.
Parfois, les proprios qui n’ont pas tatoué leur chat et qui le laissent divaguer le retrouvent ainsi castré, c’est de leur faute, le tatouage ou la puce sont obligatoires. S’ils râlent quand même, on leur répond juste que s’ils sont propriétaires, ils doivent payer les frais de stérilisation voire de tatouage, et ça les calme très vite...
Une fois ces chats castrés, vaccinés, parfois tatoués d’un seul « S » dans l’oreille, qui signifie justement que l’animal est stérilisé, soit ils sont adoptables, et Martine fait très attention à qui veut adopter, refusant systématiquement tout coup de cœur soudain ou tout cadeau destiné à un enfant ou à un adulte, elle a cette phrase terrible, « Un chaton adopté à Noël devient un chat adulte abandonné en juin... ».
Mais ils ne sont pas toujours adoptables. Ce qui peut être le cas d’un chat trop vieux, non socialisable, ou haret, un mot qui signifie qu’il s’agit d’un animal domestique devenu errant, et non d’un chat sauvage. Alors on les remet dans la nature et on les nourrit, on les surveille, on les soigne, ce qui prend quatre heures jour pour Martine, on peut aussi les garder chez soi s’ils sont socialisables mais vieux et moches, usés, malades et donc n’ayant aucune chance d’adoption. Martine en a cinq chez elle, ce n’est pas un refuge, car un refuge ne peut pas être autorisé en zone urbaine, c’est donc un asile, et quelques autres chats sont dans une dépendance.
Et surtout elle anime son réseau via son blog ! Car dans d’autres villages que le sien, il y a en a pour l’instant sept, l’histoire avance dans le bon sens, on commence à s’occuper de ces chats abandonnés, mais il faut tout gérer, elle fait en sorte que tout le monde s’adresse au même vétérinaire, les bons de la SPA et de la fondation Bardot sont mis en commun, les chèques et dons financiers, la nourriture offerte, tout cela est aussi mis en commun.
Pas le temps d’aller faire des collectes d’aliments pour chats à la sortie des supermarchés, Martine a un métier, elle est prof de piano, elle préfère en fait gagner ainsi l’argent qui lui permet d’acheter les croquettes des chats plutôt que d’aller les quêter.
Autre moyen de faire avancer la cause de la stérilisation des chats libres, Martine écrit parfois dans le bulletin municipal, devenant ainsi actrice de terrain... Bien joué surtout en univers rural où tout le monde se connaît...
Pour rassurer ses interlocuteurs, elle a passé un diplôme d’auxiliaire de santé animale. Pour rassurer ses donateurs, les chèques qui lui sont envoyés sont libellés à l’ordre du vétérinaire, son réseau a ainsi une sorte de compte, mais bien sûr, même si le nombre de chats stérilisés augmente régulièrement, celui des abandons aussi et donc les besoins financiers suivent la même ligne directrice. Pour l’aider, il suffit de la contacter sur son blog www.grifelins.com, il y a une case en haut de page à gauche pour prendre contact avec elle. Des sous, de la bouffe et même un message de soutien, allez y, ne vous en privez pas...
Le combat continue, partout, tout n’est qu’un début mais alors... ça n’en finira donc jamais ?
Non. ...
Par exemple, Martine a vu construire deux résidences supplémentaires près de chez elle, elle sait déjà que juste avant les vacances d’été, les abandons vont recommencer à pleuvoir comme les obus à Gravelotte. Le combat, c’est tout le temps... Vraiment tout le temps. Allez voir son blog et aidez là, elle le mérite, vraiment.
La page Facebook de Martine
Martine est également présente sur Tweeter : twitter.com/grifelins
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