Un de nos confrères du sud de la France a publié un papier sur une portée de chatons trouvée dans une poubelle à papiers à Tarascon sur Ariège, en traitant ceux qui les ont abandonnés de lâches et en affirmant que les gens qui se sont dévoués pour sauver les chatons ont fait tout ça pour rien, puisque la portée a été euthanasiée chez le vétérinaire après vaine recherche d’une famille d’accueil…
Ce qui est vrai dans cette histoire, c’est la portée trouvée dans la poubelle. Le reste, soit est arrangé pour faire pleurer dans les chaumières, soit est écrit sans rien savoir… En ce qui concerne Micetto, où nous essayons d’être honnêtes et surtout de faire correctement notre métier, j’ai cherché quel était le refuge de la SPA s’occupant de Tarascon sur Ariège, où les faits se sont déroulés, et coup de bol, celui de Mirepoix était parfaitement au courant puisque c’est de là que l’affaire a été menée après la découverte.
Un mot d’abord sur la soi-disant lâcheté des personnes qui abandonnent leurs animaux, qualificatif particulièrement vendeur utilisé par mon confrère… Même si ce n’est semble t’il pas le cas dans cette histoire-là, il est assez fréquent qu’une chatte errante fasse sa portée dans une poubelle, d’abord parce que c’est un endroit abrité et qu’en plus, elle y trouve à bouffer. En général, il s’agit de poubelles assez grandes, la mère et sa portée ne sont même pas décelables par ceux qui ouvrent pour y jeter leurs sacs. Bref, entre la lâcheté et l’intelligence d’une chatte qui met bas à l’abri, il y a une toute petite différence…
La SPA me dit que dans l’histoire de Tarascon sur Ariège, après avoir été avertis de la découverte, on a envoyé une bénévole sur place, constatant que les pompiers ont eu un mal fou à extraire les chatons… Sur la portée d’ailleurs, un des chatons était déjà mort.
J’en reviens à la difficulté de l’extraction…
Ce n’est pas cela qui me fait penser que la mère n’est pas allé mettre bas à cet endroit, une chatte, fût-elle grosse, passe très bien là où un casque de pompiers ne passe pas. C’est qu’il s’agit d’une poubelle à papiers et que si l’endroit est confortable pour la portée, un chat se nourrit rarement des nouvelles du soir qui entouraient le poisson acheté au marché (quoique…)
Ma fille a adopté un chat sauvage qui survivait depuis des mois dans sa fac, les capacités de ce greffier pour arriver à ses fins sont démentielles, il peut marcher sur le bord d’une poubelle en métal, il sait ouvrir une porte dans les deux sens, bref, un artiste, un vrai.
Bon, retour aux faits. Après beaucoup d’efforts, merci aux pompiers de Tarascon, (pas des Tartarins les mecs, ouaf ! Mais ce n’est pas ce Tarascon là…) les chatons sont sortis de leur poubelle à papiers. La bénévole de la SPA appelle sa responsable, les chats ne sont pas sevrés, il faut deux mois pour cela, et la SPA ne les reçoit pas dans ce cas, sauf si la mère est avec eux ou si le refuge dispose d’une mère de remplacement. Et il n’y en a pas à la SPA. Précision, les chatons n’ont même pas les yeux ouverts et ils ont donc quelques jours. . Ils avaient même encore le cordon sous le ventre.. Ce qui ne les condamne pas à mort, la SPA ne procède à une euthanasie que lorsqu’un animal est gravement malade ou devenu totalement impotent. On peut, c’est compliqué mais on y arrive, les nourrir au biberon jusqu’au sevrage. Il faut donc trouver une famille d’accueil. . Chose qui a été faite, la portée a bien été adoptée par une femme de Tarascon. Qui est, c’est logique, allée chez le vétérinaire qui a hélas constaté que les chats n’étaient pas viables. Et ils ont en effet été euthanasiés. Mais parce qu’ils n’étaient pas viables, pas parce qu’ils n’auraient trouvé de famille d’accueil. Alors, bien sûr, cette histoire là est moins vendeuse que des lâches qui ont abandonné des chats dans une poubelle, chats qui ont été euthanasiés pour ne pas avoir trouvé d’adoptants…
Qu’une association passe autant de temps à trouver une solution pour de malheureux chatons découverts dans une poubelle, trouve un accueil, puis prenne le temps de nous expliquer ce qui a été fait, bravo, voilà pour la SPA.
Mais il y a autre chose. Il fut un temps, pas si éloigné, je suis ancien mais pas encore sénile, où faute de stérilisation, les chatons non désirés étaient fréquents… et noyés. Comme c’est un acte assez brutal, il y avait même des gens qui vous proposaient de le faire si vous n’en aviez pas le cœur. Mais on disait que c’était dommage et on n’y pensait plus.
Les mentalités ont changé…
Si ce sont des propriétaires qui ont mis les chatons dans cette poubelle à papiers, c’est effectivement peu recommandable mais moins grave que de les mettre au torchon et sous l’eau.
Qu’il s’agisse d’un abandon ou d’une mise bas volontaire par la mère, il y a eu une mobilisation phénoménale autour de ces chatons, entre les découvreurs, les pompiers, la SPA, la famille d’accueil… Alors, peut être qu’à Tarascon sur Ariège et à Mirepoix on aime plus les animaux qu’ailleurs, auquel cas bravo à tout le monde. Il se peut aussi, je suis resté rêveur malgré mon âge avancé, que l’on soit aujourd’hui un peu plus respectueux de l’animal en général, qu’il s’agisse de l’ours blanc menacé par le retrait de la banquise, de l’éléphant massacré pour ses défenses, du rhino assassiné parce que quelques crétins pensent que la poudre de sa corne est aphrodisiaque, de la baleine harponnée pour que les bambins de quelque ilot ex-glaciaire ou de quelque archipel eurasiatique fassent « miam ! », ou enfin de quatre chatons les yeux encore fermés découverts sur un tas de vieux papiers dans l’Ariège et à qui on a voulu donner une chance…
Il y a encore du boulot, mais pour une fois que l’histoire va (peut-être !) dans le bon sens…