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Plume un roman émouvant de Guy Féquant aux Editions Noires Terres

La couverture du roman de  Guy Féquant aux Editions Noires Terres

Plume, jeune chatte noir et blanc, est entrée un jour dans la vie de Guy Féquant et la marquera définitivement. Subrepticement, elle s’est introduite dans le jardin, il a vu un bout de queue noire fugitive disparaitre dans les iris. Elle s’est installée dans la maison gardant secret le mystère de sa vie passée et de ses origines.
Pour notre bonheur, elle sera au centre du récit qu’a fait Guy Féquant, dès lors très attaché à la petite boule de poils. Récit de sa vie à Aubeterre, village de deux cent âmes de l’Aube sorti de son imagination, que l’auteur décrit minutieusement. Une petite société composée d’une grenouille de bénitier, d’un notaire septuagénaire, d’un secrétaire de mairie et de sa femme, du maire et de sa mégère d’épouse ainsi que de l’affreux Bricasse, le garde-chasse. C’est la description de la vie quotidienne et du bonheur de voir évoluer la petite Plume. Guy Féquant regarde souvent sa photo :
“Il s’agit pour moi d’entrer dans le plus grand mystère : celui de l’instant volé à l’avalanche du temps. J’ai devant moi Plume telle qu’elle était à son arrivée. Encore un peu chaton. Une légèreté d’écureuil. Un minois d’une suprême délicatesse. Un regard d’une bouleversante intensité.”
Plume n’est plus un chaton mais elle ne sera jamais complètement adulte. “Elle était faite pour rester fantasque, folâtre, parfois imprudente et obstinée”.
L’auteur observait la chatte qui lui rappelait Timour, un chat de son passé qu’il a vu vieillir jusqu’au jour douloureux où il fallut l’endormir..
“Au fil du temps, je constatais son lent vieillissement. Il mangeait moins. Sa silhouette se voûtait un peu. Il montait plus lentement les escaliers. Il ne grimpait plus aux arbres. Il ne chassait plus les lézards ni les oiseaux...”
Plume, elle, ne connaitra pas la vieillesse. Elle goûte à la vie avec ardeur comme lorsqu’elle a connu pour la première fois la neige : elle “fut prise d’une sorte d’euphorie. Elle courait à droite et à gauche. Elle rampait. Elle bondissait. Elle essayait d’attraper les flocons comme elle faisait l’été avec les hirondelles. Voila l’image la plus précieuse que nous conservons d’elle : sa danse sous la neige, devant le garage, dans un crépuscule violet que lustrait la bise”.
Petite compagne de tous les jours, elle assiste l’auteur comme tous les chats d’écrivain, en s’allongeant sur le bureau lorsqu’il veut écrire.
C’est le bonheur quotidien jusqu’à ce jour maudit où Plume ne rentre pas. L’attente est intolérable et la découverte de sa mort une déchirure intense.  Un deuil sombre commence : “Les jonquilles sont fanées”.
Plus rien n’est comme avant. Même le notaire tombe gravement malade.
La petite Plume qui incarnait la joie de vivre n’est plus. C’est la confrontation de l’homme face à la douleur de la mort de son animal qu’il chérissait. L’auteur va partir faire une marche en Italie. La vie continue, la nature renouvèle ses miracles à chaque saison. Mais l’Italie a beau déployer ses splendeurs, le moindre détail rappelle au voyageur le souvenir de Plume qui hante ses pensées. Il la voit partout.
“Plume m’habite. Elle va et vient autour de moi. Elle fait la câline. Elle se rebiffe. Elle m’enquiquine. Elle se love au soleil et elle s’enfonce dans la neige. Elle rentre trempée et elle s’ébroue sur le tapis du salon. Elle me réveille à trois heures du matin pour sortir et elle miaule à six heures pour rentrer. elle hante mes rêves..”
Guy Féquant continue son périple dans l’Italie du Nord dont il découvre les secrets : Bologne où il flâne sous les arcades et les portiques, où il s’enfonce dans les venelles misérables et marche dans les parcs, Florence et ses palais, le cloitre de San Lorenzo où il pique un somme malgré l’interdiction, Arezzo et ses ”senteurs de jambons fumés, de melons et de café arabica” Enfin, il arrive à Castiglione del Lago, ville sur le lac de Trasimène. Il y rencontre un couple de Hollandais avec lequel il sympathise. A la question : Pourquoi marchez-vous ? il répond avec la plus grande franchise : “Parce que ma petite chatte vient d’être tuée par le chien du voisin”. Tant pis pour ce qu’ils vont croire, cela lui fait du bien de parler. Il continue ”Comprenez-vous cela ?  Cette solitude lunaire causée par la mort d’un chat”. Il  poursuit ensuite son périple sur Assise en enfin Pise et sa tour penchée.
Mais Plume est toujours présente dans sa pensée.
Nous avons tous connu cette douleur de la perte de notre chien ou chat. Difficile de ne pas comprendre Guy Féquant dans son chagrin. Jusqu’à quand, souffrira-t-il. Peut être toujours. C’est elle qui décidera, dit-il. Lorsqu’on s’attache à un animal pour son caractère et sa sensibilité, on le personnalise et se pose la question de la place que tient l’animal dans la hiérarchie de la nature et par rapport à l’homme. La perte de ce petit être amène à une quête mystique sur l’après-vie.

 

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