Le 29 mars 2014, a eu lieu à Drouot une vente organisée par Aponem, consacrée à Théophile Alexandre Steinlen.
Né à Lausanne en 1859 dans une famille investie dans l’art pictural puisque son grand-père enseignait le dessin à Vevey et son frère, Marius, était peintre, élève de Charles Gleyre, cet artiste, amoureux de la Butte-Montmartre où il a résidé avec sa femme Emilie à partir de 1881, avaient plusieurs facettes à son talent : peintre, illustrateur, graveur et sculpteur.
Connu surtout pour les affiches qu’il réalisa et en particulier la très célèbre “Tournée du Chat Noir”, il ne faudrait pas cependant limiter son oeuvre aux affiches. Comme Toulouse-Lautrec, son talent était bien plus large.
Dénommé “le peintre aux chats”, Steinlen les connaissait bien. Il en a eu beaucoup, des chats abandonnés errant dans les ruelles de la Butte et qu’il recueillait. Ils ont été immortalisés grâce à ses oeuvres comme celle du “Chat Violet”. Le chat selon Steinlen peut être ange ou diable selon les circonstances.
Steinlen est l’auteur d’un album dénommé “Des Chats” (1898) constitué de 26 planches dont “L’horrible Fin d’un Poisson Rouge” ou “Le Locataire”. Le chat est représenté dans la première comme un prédateur. Au contraire, dans “Le Locataire”, le chat est une victime qu’une petite fille serre précieusement dans ses bras alors qu’elle est expulsée de son logement avec sa famille.
Colette, la fille du peintre, née en 1888, lui servait de modèle notamment pour l’affiche “Le Lait de la Vingeanne” où trois greffiers z’yeutent avec concupiscence le bol de lait que la petite fille boit.
Aponem a mis aux enchères 223 oeuvres de Steinlen à Drouot. Si les dessins, croquis et petits tableaux aux prix abordables partirent vite, les grandes oeuvres du peintre n’ont pas trouvé preneur comme cette huile représentant un nu allongé sur fond rouge, estimée à 45 000 €. De même, des toiles illustrant des paysages estimées entre 20 000 et 30 000 € restèrent invendues. D’autres toiles sont parties à des prix beaucoup plus bas qu’escompté. La vente s’annonçait catastrophique.
En dernier lieu, ce sont les chats qui ont redressé la situation. Certaines oeuvres représentant des félins se sont vendues bien au-delà des prévisions. Une étude de chats exécutée à l’encre de Chine a fait 9 200 € alors qu’on n’en attendait que 400 €. Un dessin d’un lion a eu une enchère jusqu’à 2 000 € alors qu’il était estimé autour de 600 €. Un dessin original réalisé pour le livre de Steinlen “Les Chats, Dessins sans Parole” est parti à 2 000 €.
En fin de compte, ce sont les félins qui ont sauvé la vente. Il faut reconnaitre que Steinlen excelle dans l’art animalier et de plus en plus les Français apprécient les chats.
Experts et Commissaire-Priseur nous décrivent de façon concise la personnalité étonnante de Steinlen, artiste au talent incontesté.
Eric Dumeyniou, Commissaire- Priseur, reconnait toujours le talent de Steinlen que ce soit ses dessins, ses croquis, ses nues qu’il appellent des “impatientes”, ses chats.
Elisabeth Maréchaux, Expert, évoque les chats de Steinlen qu’il aimait démesurément et la vidéo nous présente le tableau d’un chat remarquable.
Enfin, Marc Ottavi, Expert, nous indique que le peintre qui fréquentait les autres artistes de Montmartre dont le peintre Forain, était un grand révolté, socialiste, avocat des miséreux, défenseur de la Commune, ami des gueux.
La vidéo vous permet d’admirer certaines oeuvres et affiches de Théophile Steinlen .