Des chats sauvages, en Espagne, c’est une rareté, protégée, mais ça existe. Il y en a d’ailleurs aussi en France, l’espèce s’appelle le chat forestier et se trouve en grand nombre dans le nord-est de la France et dans les Pyrénées… Ceux dont nous allons révéler l’existence sont en revanche beaucoup plus étonnants…
Nous sommes au Pays Basque, à trente kilomètres de la frontière française, l’endroit s’est longtemps appelé San Sebastian puis, l’Espagne reconnaissant ses langues et us régionaux, ce qui est d’ailleurs une excellente chose dans cette ploutocratie administrative de fonctionnaires bruxellois apatrides qu’est devenue l’Europe, la ville porte donc son nom Basque, Donostia.
Ah les Basques ! Pays et gens magnifiques ! Certes ils ont flingué l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne à Roncevaux mais ça prouve juste que déjà, fallait pas les emmerder chez eux… La pelote, le pâté, le piment, le béret, le 4X4 sur les hauts plateaux, une langue qui n’a aucun rapport avec celles d’à côté, juste un peu de similitude avec le Finnois et l’Estonien, le pays ne manque pas de symboles. Les Basques ont eu aussi une influence colossale sur l’histoire du monde ! Ils ont doublé la surface du monde connu quand ces pêcheurs de baleine qui ont permis à l’Europe de s’éclairer pendant des siècles avant l’invention de l’ampoule électrique ont indiqué à Colomb qu’à quarante jours de mer vers l’ouest, il y avait un gros machin…
L’Espagne et donc le Pays Basque, laissent aussi vivre leurs espèces menacées, le loup, l’ours, le lynx ibérique, le chat sauvage… Toutes choses que nous ne savons pas faire chez nous… Bref, on est dans un beau coin qui a une belle histoire.
Et donc, au Pays Basque on a tout ce qui est bien en Espagne et en plus on est chez les Basques !
Et c’est donc là que l’on trouve des chats basques sauvages imprévus…
Toute cette côte, et cela ne s’arrête évidemment pas à la frontière, est soumise à de fortes tempêtes, le fameux Golfe de Gascogne est terrifiant pour les marins, et donc sujet à une houle longue qui fait le bonheur des surfeurs.
Nicolas Bauby, dont nous avons déjà publié les chroniques vidéo, créateur de TV Quiberon sur le net, est tout le temps fourré au Pays Basque parce que son truc, c’est la vague… Il a aussi créé une TV Basque, Euskadi Surf TV que l’on trouve sur, et lors d’un de ses reportages il a repéré sur les rochers de la côte de Donostia-San Sebastian des greffiers énormes, qui s’allongent dans la journée sur ces cailloux battus des vents et de l’océan et logent la nuit ou quand il pleut sous la digue qui défend l’entrée de la baie. Et ils y habitent de façon durable, Nicolas est retourné plusieurs fois sur cette plage pour surfer et il a retrouvé à chaque fois les félins de la digue sur la plage de Zurriola. Les surfeurs les surnomment « chefs de spot », le spot c’est la vague star du coin, ces chats font partie du paysage. Un paysage qui sent mauvais d’après les témoins. Ce qui est peut-être logique car au départ ces chats ne sont pas sauvages. Les vrais sauvages eux, marquent leur territoire de façon discrète, juste reconnaissable par leurs semblables. Des chats citadins lâchés dans la nature, ça se laisse aller partout, ça laisse des traces d’urine (et plus) un peu dans tous les coins. Il est connu qu’hélas la civilisation, c’est kif kif chez l’homme, apporte aussi ses tas de merde… Nous on en a même inventé des chimiques, chez les chats au moins, ça reste naturel. Et les seuls autres occupants du coin sont les surfeurs qui sont en mer, l’odeur ils s’en foutent.
On imagine que ces chats revenus à l’état sauvage bouffent essentiellement du poisson ou des trucs qu’ils trouvent dans les rochers ce qui n’arrange rien côté odeur. En revanche, ce qui est sûr, c’est qu’ils ne bouffent pas les pouce-pied dont le coin est riche, ils seraient alors chassés impitoyablement, le pouce-pied est compliqué à aller chercher et il se vend plus de deux cents euros le kilo au prix de gros ! Donc ils ne gênent personne, personne ne les emmerde et ils ont donc trouvé une sorte d’endroit paradisiaque sur terre !
Quand au fait qu’ils s’installent en bordure de mer, normal, on l’a dit, les Basques sont un formidable peuple de marins. D’abord pêcheurs de baleine, quand l’huile était la lumière du siècle, ils sont ensuite passés à la morue, qu’ils vont chercher dans les endroits où auparavant ils pêchaient les cétacés. En particulier sur les bancs de Terre Neuve. Certains d’entre vous ont pu se demander ce que représentait la robe régionale de Miss Saint Pierre et Miquelon l’autre jour à l’élection de Miss France. C’était le drapeau de son archipel, sur lequel figurent le drapeau breton, le drapeau normand et le drapeau basque, les trois pays qui ont fait ce que l’on appelle chez les gens de mer « Le Grand Métier », la pêche sur les bancs de Terre Neuve, dans la région de Saint Pierre et Miquelon et du Saint Laurent. Peut-être que nos chats, sur les rochers, rêvent juste de partir, comme les hommes de la maison à chaque campagne, et ils regardent l’océan en se demandant comment ils pourraient faire, eux qui n’aiment pas l’eau…
En fait, si la vraie espèce sauvage s’appelle le chat forestier, les Basques ont peut être inventé le chat marin !