Bon, j’ai failli mourir. A chaque page, je m’écroule de rire contenu, quand on lit du Geluck, on ne s’esclaffe pas, on meurt étouffé. Et ce qui est formidable, c’est le premier miracle de ce dieu-là, c’est en étouffant que l’on revit. C’est un immense bol d’air frais dans une société qui retourne à grands pas vers l’obscurantisme et l’ordre moral d’il y a deux siècles !
On imagine qu’un Geluck revisite de façon totalement irrespectueuse la création de la terre, avec un dieu qui jure « nom de moi de nom de moi !» et qui est évidemment un chat. LE chat. On suit de façon très évasive la chronologie établie par l’ancien testament, et c’est là où tout dérape, et sévère encore ! Je ne sais pas trop quoi recommander à nos lecteurs bénis oui-oui, car il y a en forcément, c’est une lecture qui risque de leur lézarder les certitudes mais d’un autre côté, entendre un autre son de cloche au bout de deux mille ans et quelques, ça ne peut faire que du bien…
Des trucs énormes (« On va bien se marée » quand le chat créée la mer, « cuis cuis mon petit » quand il tourne la broche sur le poulet qu’il a dû créer parce qu’il avait la dalle), des trucs colossaux, (la femme de dieu est la mort et quand elle l’énerve et qu’il veut l’étrangler, elle lui dit « tu sais très bien qu’on ne peut pas tuer la mort »), des règlements de compte (« n’en déplaise à ces cons de créationnistes », ou encore Noé chargé de la sélection des espèces au moment du déluge, qui acquiesce d’un sonore « Yawohl mein führer ! »), mais surtout des trouvailles démentielles, dieu qui dans un premier temps se goure dans la reproduction des espèces et voilà les catastrophes, « le fils du thon et de la mésange se noie quand il rend visite à son papa et se casse la gueule de l’arbre quand il va retrouver maman… »… dieu balaie toutes ces espèces ratées et remet ça mais c’est tellement le bazar qu’au lieu de six jours, ça va prendre cent ans… Encore une citation parce que ce qu’il faut c’est acheter le bouquin, les bouquins d’ailleurs, l’album commence par un miracle, la multiplication des albums, bref je me suis encore étouffé quand dieu pressent qu’il va devoir créer l’homme « parce qu’il faut bien une espèce que les moustiques et les guêpes vont pouvoir emmerder ».
Geluck merci d’exister !
J’oubliais… Un soupçon de misogynie s’impose dans toute lecture qui ne respecte rien, pour se venger de n’avoir pas été invitée au baptême d’Adam, enfant sur qui dieu-le chat a fait tomber tous ses bienfaits, cette chieuse de mort lui jette un sort, elle décide que quoi que fassent Adam et ses descendants, ils se comporteront comme des cons. Voilà lecteur, enfin l’explication au fait que chaque jour, tu te dis que nous vivons un monde d’imbéciles. Enfin ! Maintenant, grâce à Geluck, on sait. Je vous laisse découvrir tous seuls l’arrivée d’Eve, le merdier qu’elle va mettre dans l’histoire du monde ! Et j’ai encore vraiment failli crever quand à l’expulsion du paradis pour cause de pomme, Adam et Eve retrouvent d’autres animaux virés pour la même raison, ils ont bouffé des pommes. Leurs réactions sont un grand moment. Le mammouth dit « En tous cas s’il vire tout le monde, il va bien se faire chier tout seul dans son paradis » et ça aussi explique définitivement pourquoi personne n’a envie de mourir pour aller le voir, son paradis… Même mourir de rire, c’est non, on va attendre le prochain album !