Le Chat qui voit venir la mort
David Rosa a passé des mois à écrire son livre « Un Chat Medium nommé Oscar » qui raconte que dans une clinique américaine spécialisée dans le traitement d’Alzeimer au Steere House de Providence (Rhode Island), quand le chat Oscar se couche sur le lit d’un patient, que quelques heures plus tard, ledit patient est passé de vie à trépas.
Bon, on espère que les efforts de cet écrivain ont été couronnés de succès, mais le fait indiqué repose sur quelque évidences qu’il est bon de rappeler.
Par exemple, que la mort est une terreur pour les humains, au point que pour conjurer cette épouvante, il a inventé l’éternité et comme ça faisait un peu charlatan, il a mis ça sur le compte d’un truc qui a pas mal marché, la religion.
Car en fait, des Pyramides de Khéops aux funérailles qui font la fortune de boîtes comme les Pompes Funèbres Générales, on se rend compte qu’avant tout, la religion est faite pour assumer la peur de la mort en la niant, un vrai croyant, et cela existe dans tous les dogmes, ne meurt vraiment jamais…
Or, tout ça, les chats (et les autres animaux !) s’en foutent car ils n’ont pas peur de la mort et donc pas besoin de croyances pour y faire face.
En revanche, n’en ayant pas peur, ils perçoivent parfaitement chez eux et chez les autres les signes annonciateurs de la fin de vie, signes que l’homme refuse, bien sûr…
J’ai eu des chiens et des chats toute ma vie, d’autres animaux aussi mais la perception des sentiments intimes des tortues, caméléons et chiens de prairie m’est un peu étrangère, mais chez les chats et chiens tous m’ont clairement indiqué qu’ils allaient y avoir droit. Le fait de se coucher pour attendre sereinement le grand saut est un des signes faciles à repérer, et il n’y aucun doute possible entre un roupillon et l’attente du moment de quitter ce bas-monde.
On sait bien par ailleurs, que les chats ont une perception d’ondes positives ou négatives que l’homme moderne a perdues, il en avait besoin pour la chasse ou se prémunir des dangers mais le monde moderne a rendu ces notions sans objet, et donc que forcément, l’approche de la mort chez un autre sujet leur envoie un signe. Alors, quelle est la raison pour laquelle ils se couchent près du mort en (très bref !) sursis ? Car les exemples abondent chez d’autres espèces. Ainsi la harde d’éléphants qui se réunit en rond autour du mourant, mais qui procède de la même façon autour de l’éléphanteau qui vient de naître, on voit le même phénomène chez certains grands fauves… N’étant pas plus partisan de la psychanalyse à deux balles chez l’homme que chez l’animal, je me garderai bien de toute hypothèse sur le sujet. Néanmoins, cela ressemble comme deux gouttes d’eau à un avertissement et peut-être une protection. Tu vas mourir, je le sens, et je viens t’y aider.
Cela vaut à mes yeux d’athée toutes les extrêmes onctions de la terre.
Bon, n’y voyons pas de lecture de l’avenir ! Le chat ne viendra pas se mettre sur les genoux du conducteur qui va passer sous un quarante tonnes dans les deux minutes !
Mais sur une mort « classique », prévisible, j’avoue que j’aimerais bien qu’un de mes chats vienne passer ces derniers instants avec ma pomme.
D’abord, je serai ainsi fixé sur ce qui va arriver, cela me donnera peut-être le temps de m’enfiler d’un coup le kilo de marmelade d’orange anglaise que je me promets, chose impensable dans une vie surveillée, de me goinfrer quand effectivement, il n’y aura plus rien à faire. Un chat et de la « thick cut », c’est certes moins glorieux que de mourir au guidon en Grand Prix ou à la tête de son bataillon à Verdun mais c’est sûrement beaucoup plus agréable, une autre façon de dire merde à la mort qui me plaît bien…