Mes amis genevois m’ont toujours dit qu’en Suisse, quand ils voulaient faire une manif, ils traversaient en dehors des clous… Et le gouvernement commençait à prendre peur, où va-t-on si les Helvètes font des choses extrêmes comme ça ?
C’est à l’aune de ce genre d’humour qu’il faut lire cette chronique féline helvétique.
Dans le canton de Vaud (qui borde le nord du Lac de Genève, la ville principale est Lausanne), en plein hiver, et l’hiver helvète, c’est pas de la gnognote, un habitant trouve à deux pas de chez lui une chatte qu’il pense perdue. Il la recueille chez lui et la nourrit, elle est contente, elle reste. Seulement voilà, en Suisse, on ne perd rien. Le mot perdu n’existe pas. Par exemple, on ne perd pas l’argent (celui déposé par les nazis attend toujours qu’on vienne le rechercher…), on ne perd pas non plus les guerres pour une bonne raison, c’est qu’on ne les fait pas, enfin on ne perd pas la tête (demandez au fils de Guillaume Tell…) bref on ne perd rien, d’ailleurs si vous trouvez quelque chose, pour que ce ne soit pas perdu, il faut le déclarer ou bien.
Et notre adopteur de chat vaudois perdu dans le froid n’a pas déclaré !
Et en Suisse, c’est très suspect de ne pas aller balancer tout de suite aux archers (un mot d’argot que j’aime bien pour dire les flics) quand on trouve quelque chose présumé perdu. La preuve que cet individu était un mauvais bougre d’ailleurs, c’est que plus tard, la police, qui est allée récupérer le chat, a aussi trouvé du cannabis ou bien. On se disait aussi, un helvète qui ramasse quelques chose dans la rue et ne va immédiatement le dire aux argousins n’est pas un bon helvète et cette histoire en est la preuve.
Car le propio du chat, et en Suisse on ne déconne pas avec la propriété (tu vois le chantier ?) a déposé plainte, a supposé que son animal était chez ce voisin là, c’est ça un bon suisse, ça balance ou bien, et la police a débarqué chez l’adopteur muni d’une autorisation du procureur. Ben oui, en Suisse, pour entrer chez les gens il faut soit avoir une clé soit un procureur.
Et il y avait en effet vingt grammes de cannabis chez le pick-cat… Bilan, sept mois plus tard, la justice l’a condamné à presque mille francs d’amende. C’est cher de s’occuper d’un chat perdu en Helvétie, mais c’est comme ça que ça marche bien le pays ou bien. La prochaine fois, le vagabond laissera la chatte crever de froid dehors, mais ce n’est pas grave, la totalité des habitants appellera la police pour lui dire qu’une chatte erre dans le canton. En Suisse, c’est génial, pas besoin de caméras de surveillance, les voisins font le boulot gratoche… Et s’il n’y a pas de voisins ? Par exemple, en montagne, là où réside la deuxième fortune du pays après les banques, le lait qui donne le chocolat, qui donne l’alarme ? Les vaches elles-mêmes, avec leurs clarines. Un pays qui respecte à ce point les vaches, le chocolat et les chats, ça force le respect non ?