Parmi les cinq films que je re-regarde un paquet de fois chaque année, et l’on arrive facilement pour certains d’entre eux à plus de cent fois au total, il y a plusieurs westerns dont je connais le montage plan par plan, j’en sais les répliques en anglais, et il y a souvent quelques secondes du film où l’on titre le coup de flingue du siècle et à chaque fois j’en ai toujours le grand frisson.
Ainsi « L’homme qui tua Liberty Valance », avec les répliques cultes « That’s MY steak Valance », et surtout « This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend », le grand moment, c’est un coup de fusil… Idem dans Rio Bravo, où l’inoubliable Ricky Nelson chante “Purple light in the canyon” avec Dean Martin, le film repose sur un coup de revolver et un regard…. Nuance, deux coups de revolver, je viens d’y repenser. Et dans « Once upon a time in the west », version italianisée sublime du western, l’acmé du film est encore un coup de revolver, que l’on attend, libérateur, pendant près de deux heures…
Le Texas a gardé ces moeurs incroyablement violentes. Dans ce seul Etat des USA, on exécute encore plus de prisonniers que dans tout le monde occidental (500 depuis 1976) parmi lesquels bien sûr, un pourcentage considérable de noirs. Ces noirs que l’on pendait encore avec délices lors des séances de lynchage, appellation due à un juge de paix expéditif qui s’appelait Mr Lynch et que l’on a vu quotidiennement jusqu’en 1930 et encore, de façon plus rare jusqu’en 1960 !
Bref, on pourrait vite penser que les Texans peuvent être de très gros cons…
Ce qui n’est pas faux d’ailleurs… Pourtant, à Dallas, on vient de constater à la lecture du Dallasnews que l’on ne peut en revanche tuer un chat… La loi US est spéciale, pour qu’il y ait crime il faut qu’il y ait arme et le juge a considéré que trottoir, sur lequel le malheureux chaton « kisses », alias « bisous », a été jété par Edwon Julian un homme qui voulait se venger de sa fiancée, le trottoir donc a été l’arme du crime. Et le mec a pris dix ans de tôle. Enfin cinq fermes et cinq en sursis.
Alors bien sûr, on se dit qu’enfin dans ce pays de malades, le respect de la vie avance, plus vite même que chez nous en Europe, que finalement les Texans sont de grands enfants qui jouent avec les « guns » mais aiment bien les animaux…
Et donc, enfin, la vie commencerait à représenter quelque chose qui vaut cher.
Tant mieux… mais il y a toutefois un détail qui me chagrine, et qui me fait penser que l’avancée n’est pas aussi immense qu’on le croit. Car le condamné est noir, comme par hasard.
Bref, au Texas, un noir n’a pas le droit de tuer un chaton.
C’est moins enthousiasmant tout d’un coup…