Nous sommes dans l’Etat de Vera Cruz, au Mexique, dont la capitale est Xalaca, qui se prononce donc « chalaca »…
Beau présage pour l’un des candidats à la mairie de la ville, les élections approchent à grands pas.
Ce candidat s’appelle Morris et est… un chat !
Bien entendu, ses partisans ont lancé un slogan, « Xalaca sans rats », et annoncé que le programme de Morris était de faire ronron selon son habitude.
La profession de foi de Morris se résume à : « Fatigué des rats ? Votez pour un chat… »
Les réseaux sociaux en ont fait une vedette.
Il recueillerait assez de suffrages pour arriver en seconde place aux élections.
Bon, la situation du Mexique est terrifiante, avec des politiciens corrompus jusqu’à la moelle alors que les rares qui ont essayé de faire quelque chose ont été abattus par les trafiquants de drogue, les vrais maîtres du pays.
Alors bien sûr, l’image de marque des potentats locaux en prend un coup, bien entendu rien n’est faisable à leur niveau et en conséquence, les réseaux sus-cités pensent qu’ils passent leur temps à dormir. Comme le fait un chat… Et c’est parti pour la diffusion d'une idée plutôt simpliste de certaines personnes qui ne sont jamais d'ailleurs en reste en la matière…
Ce genre de foutaise est extrêmement dangereux pour un pays qui a déjà connu des révolutions par centaines, celle de Zapatta et bien d’autres, des guerres civiles…
Le Mexique est un pays né dans la violence post-colombienne quand Cortez, un soudard sanguinaire débarque en 1519, justement à Vera Cruz, pour conquérir le pays à coups de massacres, et bien entendu avec la bénédiction des religieux qu’il a embarqué avec lui.
Depuis lors, les périodes de paix ont été rares… le pays a même été en conflit armé avec le Texas, perdu en 1845, guerre au cours de laquelle le siège de Fort Alamo et la mort de Davy Crockett et tous ses défenseurs a donné le temps au général Houston de former son armée et de donner l’indépendance à son pays.
Voilà ce qu’est le Mexique, une poudrière, un bain de sang quasi permanent.
Mais le système politique du pays est officiellement démocratique, les tyrans que l’on voyait se succéder dans Tintin ont donné place à des présidents élus, des pouvoirs régionaux et locaux élus mais toujours dans un climat de violence absolue.
L’idée de présenter un chat débonnaire et pacifique du nom de Morris était donc un canular plutôt marrant dans un pays dévasté, le programme anti-rats était peut-être même assez symbolique, cet animal pouvant être assimilé aux nuisibles dont le pays n’arrive pas à se débarrasser.
Et puis comme d’hab, des trucs d’analpha-bêtes est venu pourrir le gag en en faisant une institution, personne n’étant capable de faire la part des choses, pas plus au Mexique qu’ailleurs…
Churchill disait de la démocratie qu’ « elle est le pire des systèmes politiques, à l’exception de tous les autres ».
Quand elle se laisse violer par des crétins, est-ce aussi grave que de tomber sous les balles ? Moins grave ?
Pauvre Morris ! Un chat, comme tout animal, est par définition totalement innocent. Lui faire jouer un jeu cruel dans une situation où tout mot peut tuer, c’est non seulement crétin mais totalement dégueulasse.
Internet est une chose formidable quand on s’en sert comme un outil de recherche, de curiosité, d’échange.Cela devient la pire des tyrannies quand c’est tripoté par des manipulateurs prêts à tout et intégré comme tel par des cohortes crédules.Et Internet devient alors une vraie bombe. Celle qui pue la haine et le sang.
Ce malheureux pays n’avait vraiment besoin ni de ça, ni de chat…