Les Belges de la ville de Lincent ont un peu modifié les paroles de cette ode au tendre greffier.
Le chat errant, voilà l’ennemi !
La municipalité de Lincent a en effet décidé que tout chat errant rapporté par un de ses habitants chez un vétérinaire serait stérilisé aux frais de la ville.
Par ailleurs, si le chat errant sus-cité est en grande souffrance, blessé, malade, il pourra être euthanasié.
Bon, choquant ou pas choquant ?
Faire stériliser son chat est commun, tous ceux que j’ai eu l’ont été, pour des tas de raisons, la non-prolifération n’ est pas la première mais bien le fait qu’un matou sortira chaque nuit en hurlant sur les toits à courir le guilledou, sera donc en danger de mort permanent entre les traversées de rues voire de périphérique et les ascensions façon première hivernale de l’Eiger d’autant plus périlleuses que le matou en question est domestique et a un peu perdu les gènes de grimpeur de ses ancêtres…
En fait, on s’aperçoit que la vraie finalité de la stérilisation de minou est justement d’éviter d’en faire… un chat errant !
Quant à l’euthanasie en fin de vie, au risque de choquer bien des lecteurs, j’assume, j’aimerais pouvoir me l’appliquer à moi-même plutôt que de devenir une plante verte, c’est interdit en France et l’un des pays refuges pour ceux qui veulent partir quand ils sont à la limite de perdre leurs qualités humaines est.. la Belgique !
L’acharnement thérapeutique sur une personne en souffrance ou en fin de vie inhumaine m’est insupportable, principe évidemment applicable aux animaux quand l’homme de la science m’annonce que c’est sans espoir et que seule la souffrance sera leur lot quotidien.
Bref, je suis forcément d’accord avec le maire de cette ville proche de Liège, et ma chronique pourrait s’arrêter là.
Mais…
Parce que l’errant à euthanasier à merci, il n’y a pas si longtemps, un peu plus de cinquante ans, cela a donné six millions de victimes dans une solution finale décidée par des malades mentaux malheureusement au pouvoir dans un pays surarmé…
Donc ce mot là, je ne l’aime pas. Je ne l’aime pas en-soi.
Faudrait trouver un autre mot. Mais le problème en fait, est plus que sémantique, il est culturel… C’est difficile parce que le nomadisme, il a été écrit des tas de choses savantes sur le sujet, genre de vie qui est à l’origine de toutes nos sociétés humaines, est encore pratiqué aujourd’hui par bien des peuples et nations, que les soi-disant civilisés veulent sédentariser à tout prix, le nomadisme, au 21ème siècle, est mal vu, alors qu’il est notre nature originelle. Et les « civilisés » ont trouvé ce mot, errant, pour condamner toute forme de nomadisme, y compris chez ces animaux théoriquement domestiques et qui retrouvent l’état sauvage.
Et oui, tout ça pour un seul mot…
Peut-être qu’un chat errant est un chat libre et les libres, c’est une espèce en voie de disparition volontaire…
Il y a évidemment une solution, comme le chat doit être tatoué en France et en Belgique, un chat errant est un chat non tatoué… Donc, les propriétaires de chats qui, par manque d’envie, de moyens, de temps, d’argent, n’ont pas fait tatouer leur chat sont au minimum des coupeurs sauvages de testicules ou d’ovaires et probablement à terme des assassins…
Bon, je vais plus loin…
Parce que si l’un de mes chats, quand je les emmène à la campagne, sort de la maison, traverse la rue, va chez le voisin, ou dans un terrain vague proche, il est errant ou il est n’est pas errant ?
Et si mon voisin qui ne m’aime pas reconnaît mon chat, veut m’emmerder, l’emmène chez le véto ? Et là, heureusement, le voisin qui ne m’aime pas est un con par définition, on constatera que d’une part le chat est tatoué et que d’autre part, il est déjà stérilisé ! Et paf le con !
Mais si mon chat n’était pas tatoué, ou n’avait pas de micropuce électronique, qui donne toutes les infos… Bref, si je fais partie des gens inciviques cités plus haut ?
Et puis le voisin, en plus d’être un con, peut aussi être un salaud, blesser le chat pour aller prétendre qu’il est fichu et qu’il faut l’euthanasier !
Donc il faudrait que le mot « errant » soit remplacé, mais les mots « non tatoué » sont insuffisants, il faudrait que le mot qui le remplace soit défini de façon très précise par la loi, et qu’en plus on mette en prison préventive les voisins cons et les voisins salauds…
Monsieur le Maire de Licent, en chassant le chat errant, vous avez soulevé un sacré lièvre !