Une visite à Moscou est aujourd’hui du dernier chic, alors qu’elle était limite classement en liste noire au Ministère de l’Intérieur lors du temps révolu de l’URSS… Dernier chic pour de vrai d’ailleurs, j’y suis allé l’été dernier pour suivre un rallye dans les steppes, qui partait du Kremlin, et ce qui saute aux yeux depuis l’aéroport de Cheremetievo jusqu’aux hôtels du centre, c’est que les BMW et les Porsche sont plus nombreuses qu’à Monaco au moment du GP de F1 ! A quarante km de Moscou, on retombe en revanche dans un décor de James Bond des années 80, mais en ville, le fric explose de partout.
Sight-seeing de la capitale russe ? Le sus-cité Kremlin, construit pour faire peur au populo, et qui fait toujours peur d’ailleurs, la Place Rouge qui, c’est mon avis perso, était en effet un endroit assez incroyable il y a quarante ans lors de ma première visite, est devenue, la peinture flashy aidant, une sorte de Disneyland moscovite… Le Bolchoï bien sûr, où il faut avoir la chance de voir danser Le Lac des Cygnes ou écouter la onzième de Chostakovitch. Les magasins de babouchkas où il faut s’amuser à trouver celle qui sort de l’ordinaire (j’en ai une qui représente Poutine, et à l’intérieur, viennent s’emboîter Eltsine, Gorbatchev, Kossiguine et la plus petite poupée est Josef Dougachvili, alias Staline !) et ensuite ?
Ensuite on arrive dans les trucs vraiment inoubliables…
Le Grand Cirque de Moscou, sur l’avenue Vernadskogo, est démentiel, avec des Tatars et des Cosaques complètement dingues sur leurs chevaux, un spectacle inouï de violence, d’élégance, de légèreté et de show total.
Et puis, c’est moins indiqué sur les guides, il faut trouver la rue Koutouzov.
On l’a dit, les Russes, dans le domaine du cirque, sont les maîtres absolus, avec peut-être les Chinois quand il s’agit de jongleurs.
Mais il y a une spécialité qui est le dressage, et rue Koutouzov, on trouve un endroit unique au monde, le Théâtre des Chats. Créé par Iouri Kouklatchev en 1990, il est exceptionnel d’abord parce que l’on sait que les chats sont les animaux les plus difficiles à dresser, et il y en a ici des dizaines.
Il a parfois fallu plus d’un an pour dresser certains greffiers.
"Avec les chats, c'est de l'improvisation à chaque spectacle" dit Kouklatchev,
« ils fonctionnent beaucoup à l'instinct, il faut toujours être derrière eux, car ils font un peu ce qu'ils veulent. Certains chats aiment la scène, ils adorent qu'on les regarde avec attention, tandis que d'autres n'aiment pas le bruit ou la lumière, restent assis sans bouger ».
Même si les cascades sont ahurissantes, on fait beaucoup plus que des numéros de chats savants, on monte de véritables spectacles (il y a eu bien évidemment Le Lac des Cygnes et Casse-Noisette…), et l’ambiance y est complètement magique. Qui plus est, comme cet endroit est connu dans le monde entier et part fréquemment en tournée, il y a deux troupes, celle du père et celle du fils, qui jouent en alternance et donc le spectacle peut être garanti.
Le secret de la réussite de ce spectacle est évidemment une immense tendresse. On évitera d’embrayer ici sur le romantisme torride de l’âme slave, que j’ai surtout vu à l’œuvre après moult vodka, frelatée ou pas, mais enfin si leurs trains sont interminables dans leurs films interminables itou, leurs ballets un peu dansés de la même façon depuis des siècles, il est quand même difficile de ne pas lâcher une larme sur « Les Yeux Noirs » (Otchi Tchernye ) ou de ne pas claquer des mains sur « Kalinka », que les chats de Monsieur Iouri dansent à leur manière.
Bref, ce que l’on pense être l’âme slave ajoutée à la qualité incroyable des dresseurs de ce théâtre qui n’existe nulle part ailleurs en font un spectacle à ne rater sous aucun prétexte !
Jean Louis Bernardelli
Adresse : 25, Koutouzovskiy Prospekt
Métro Koutouzovskaya, Kievskaya
Renseignements par téléphone : +7 (499) 249-29-07 Gratuit +7 (499) 249-29-07 , (499) 249-65-70 Gratuit (499) 249-65-
Coût des billets : 30—550 roubles (de 1 à 15 euro)
Début des spectacles : vendredi à 16:00, samedi à 14:00 et 17:00, dimanche à 12:00